Aux oubliettes 24 heures chrono. Le récit policier nouveau s’ancre dans une authenticité déroutante faite de petites frustrations prises avec philosophie.
Encore un tour de force étrange pour Noeve qui se lance cette fois-ci dans une série au long cours sur la vie de quartier de policières en charge des affaires du quotidien. Le monde fascinant des kôban, ces permanences policières qu’on trouve à tous les coins de rue au Japon, est un sujet très apprécié sur le territoire nippon au point d’être à l’origine de l’une des plus longues séries jamais dessinées (Kochikame, 201 volumes). Ici, ces petits postes de police à taille humaine n’existent pas. Le public français ne manquera pas de trouver attachantes les deux héroïnes de cette série dont le duo déséquilibré ouvrira la voie vers nombre de situations cocasses et de moments de tensions très révélateurs des tendances socioprofessionnelles modernes.
Police in a Pod, T3 © Noeve Grafx, 2023
Kôban calling
L’autrice, elle-même policière pendant une dizaine d’années, s’attaque aux plus gros défauts de son ancienne professionet fonce la tête la première avec une franchise qu’on sent venir du cœur. Elle espère ainsi éduquer discrètement son lectorat sur les limitations du système en place et les déboires de ses auteurs. Son style visuel évolue rapidement pour trouver une stabilité qui ne fait que renforcer l’intérêt des multiples interactions porteuses d’autant d’humour que de savoir. Insultes, irrespect et discriminations vécus aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du kôban dépeignent une réalité que les personnages prennent avec lucidité troublante. Police in a Pod en devient une grande leçon qui ne se départit jamais de sa bonne humeur.
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