Rinne - T40

Urusei Yatsura, Maison Ikkoku, Ranma ½, Inu Yasha… Takahashi est inarrêtableet c’est avec son quarantième volume que se conclut enfin Rinne !

Sakura Mamiya subit un petit désagrément constant : elle perçoit les fantômes comme si de rien n’était et ceux-ci ne manquent pas d’essayer d’en profiter. Pas trop de danger au quotidien, visiblement, mais ces systématiques tracas des lourdaudes sollicitations d’outre-tombe lui pèsent depuis l’enfance. Son don s’est en effet manifesté sitôt après qu’elle se perde, très jeune, dans le monde éthéré des esprits. Sakura a cependant la tête sur les épaules, un sang-froid à toute épreuve et surtout une capacité à la rationalisation triviale sans égale. Ainsi, lorsqu’un camarade de classe absentéiste et invisible la sauve soudain d’un stalker décédé fusionné à un chihuahua démoniaque, ce n’est pas elle la plus surprise.

Shinigamiteux

Rinne Rokudo, de son côté, est partiellement humain, mais surtout, pour son plus grand malheur, descendant de Shinigami, ces passeurs mortuaires qui font tout le sale boulot. Il officie à temps partiel, oscillant entre vie humaine et monde des morts. Pauvre à l’extrême, il doit pourtant utiliser des objets magiques systématiquement coûteux pour espérer mener les âmes errantes turbulentes sur la voie de la réincarnation. Pire ! Ses dettes, ressort comique fondamental, semblent s’accumuler sans cesse dans un amoncellement qui accentue une détresse non sans conséquences. Enfin, il semblerait que tout ne soit pas clair non plus dans le monde d’après car, entre deux poltergeist foutraques laissés libres, une cohorte de shinigami s’amuse à attirer des âmes innocentes dans les ténèbres pour remplir plus facilement ses quotas.

Rinne 1/2

L’autrice enchaîne les classiques depuis 1978 sans interruption. Si Inu Yasha marque en France la fin de ses œuvres fondatrices intemporelles, Rinne prouve cependant à la fois l’existence d’un public japonais capable de la suivre pendant 10 ans de plus sur un projet, mais aussi sa capacité à continuer à happer son lectorat à travers un nombre de tomes et une longévité faramineuse. Rinne est une série légère et impénitente bien que de graves thèmes soutiennent le récit. Ennemis mesquins, morts foireux qui n’osent pas s’avouer leurs troubles, leur déchéance financière insondable, personnages secondaires chaotiques, Takahashi enchaîne les péripéties rapides sous la placide égide de la roue de la réincarnation, symbole éternel de sa façon de piocher dans ses tropes de prédilection pour fournir un nouveau duo de choc qui n’en fait qu’à sa guise.

Article publié dans ZOO Manga N°9 Juillet-Août 2023