Skeleton Double - T1

Si un crâne parlant vous avouait sa culpabilité dans la mort mystérieuse et violente de votre père, le suivriez-vous ?

© SKELETON DOUBLE
© 2022 by Tokaku Kondo / SHUEISHA Inc.

Et si ce crâne vous refilait le pouvoir de vous rendre invisible pour se faire pardonner, mais qu’il ne vous demandait pas votre avis ? Yodomi Arakawa se retrouve globalement dans cette situation épineuse. On pourrait croire ce deal inattendu relativement honnête s’il ne camouflait pas une pléthore de dangers qui vont bien rapidement lui tomber sur le paletot. Le monde de l’invisible est en effet finalement assez surchargé, car la capacité à disparaître des rétines ne vient pas de nulle part et les racines de cette compétence sont aussi follement défendues qu’elles sont recherchées. Paradoxalement, on en devient donc vite une cible évidente. Les manigances marquées de camarades aux pouvoirs similaires et les coups d’éclat d’organisations timbrées s’entrechoquent tandis que survoltés et désireux, les deux camps se pointent en même temps !

L’om invisible

Skeleton Double ne perd pas de temps à s’apitoyer sur le misérable passé du personnage principal trop longtemps et mets immédiatement toutes les factions en présence. L’objectif concret de la série est visiblement d’empêcher Arakawa de deviser sereinement et de prendre des décisions posées tant il devra se débattre de bout en bout et sortir des solutions d’urgence d’un chapeau de magicien qu’il n’a pas en sa possession. Se dépatouillant avec son savoir parcellaire, ballotté de problème en problème, Arakawa compose assez efficacement avec la situation, mais ne pourra qu’enchaîner pari sur pari pour s’en sortir en s’accrochant aux miettes de compréhension qu’il arrive parfois à glaner.

Skeleton vise immédiatement le déséquilibre définitif de la balance des forces.

L’un visible

Rappelant Ajin dans sa structure narrative de groupe et dans sa façon de gérer une para-humanité un peu increvable, la série met en place un écosystème de l’agencement du pouvoir qui ne louvoie pas. Elle annonce immédiatement la couleur dans des effusions de combats qui poussent chacun dans ses derniers retranchements sans attendre. Pas de crescendo par ici. Skeleton vise immédiatement le déséquilibre définitif de la balance des forces. L’intensité shonen indéniable est en outre soutenue par des prises de position à l’humanité exacerbée. Il est ainsi difficile de ne pas sentir un minimum de compassion face aux errances de certains personnages, poussés à l’extrême par la fatalité de la vie, avant qu’un plot-twist de plus ne brise les maigres conclusions auxquelles nous étions timidement arrivés. L’humanité est toujours vainqueuse, mais l’humanité n’est pas toujours noble ce faisant...

Article publié dans ZOO Manga N°12 Janvier-Février 2024