Yawara ! - T20

Dernier combat pour Yawara dont les péripéties sportives s’achèvent. Le chemin jusqu’aux Jeux Olympiques de Barcelone ne fut pas sans surprises.

Urasawa est un auteur dont l’indéniable succès ne semble pas connaître de déclin. Son nom est sur toutes les lèvres lors des recommandations, ses albums sur toutes les étagères. Mais les auteurs à la vitalité aussi marquée subissent un inattendu contre-coup : leur marque de fabrique devient un automatisme nécessaire à leur longévité. Aujourd’hui se termine Yawara, série sportive en 20 volumes qui n’a malheureusement pas bénéficié en France du même engouement que le pan policier de la carrière de l’auteur.

La série remporta pourtant le 35e Shogakukan Manga Award de 1989, dix ans avant que Monster et 20th century boys ne gagnent ensuite le même prix. Urasawa, contrairement à bon nombre de ses collègues, ne traîne pas de casserole identifiable. Chaque titre de sa bibliographie est méritant, chaque histoire contient de grandes qualités. Le regard des gens se fait simplement trop concentré. Yawara, comme Happy, n’est pourtant pas en reste.

20TH CENTURY GIRL

Le manga raconte les péripéties sentimentales d’une jeune fille qui s’aimerait lambda mais, dont les prédispositions pour le judo (accompagnées de l’entêtement d’un grand-père légende de la discipline) créent chez elle une propension déraisonnable à exécuter des ippons inattendus. Ses réflexes sportifs, peaufinés à la sueur des tatamis pendant ses années d’enfance, lui mettent de sacrés bâtons dans les roues quand ils réapparaissent au plus fort de situations du quotidien qui n’en appelaient pas l’usage.

L’insistance ambiante ne permet pas à Yawara de s’échapper de ses obligations sportives mais, finalement, il y a parfois du bon à user de ses points forts.

Yawara ! T.20 © Kana, 2025 - Naoki Urasawa

LA MÉDAILLE DORT

L’auteur perturbe un peu son lectorat lorsqu’il commence la confection de Yawara. Pinapple army, qui n’est toujours pas conclu à ce moment, ne convoque pas les mêmes énergies. En outre, Urasawa brouille les pistes en déclarant ne pas vouloir en faire un récit sportif pétri d’esprit combatif jusqu’auboutiste, ni une pure comédie romantique. En mélangeant les deux et en y apposant sa patte, le mangaka tente de se diriger vers un récit de passage à l’âge adulte qui se focalise sur une héroïne aux défauts marqués, qu’il fait tourner en bourrique jusqu’à ce que se profile le destin qu’elle choisi de prendre en main. Initialement naïve, mesquine et égoïste, Yawara finit par se trouver elle-même parmi les incitations environnantes constantes.

Le récit ressort alors particulièrement dans la cosmogonie de l’auteur, sans pour autant faire tache tant celle-ci est régulièrement parsemée d’humour et d’aventures.

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°18 Mars-Avril 2025