ZOO

John Constantine

L'Enfer au bout d'une cigarette

Nom : Constantine

Prénom : John

Signes distinctifs :
Porte en permanence un trench-coat, ne se sépare jamais de ses cigarettes et ressemble à Sting, époque The Police.

Le péché originel de l’âge sombre

La révolution britannique

John Constantine n’est pas apparu avec Hellblazer. Il naît en réalité dans les pages de Swamp Thing en 1985, alors scénarisé par Alan Moore. Rapidement devenu populaire, il obtient de DC sa propre série en 1988. Le monde des comics est alors en plein bouleversement avec l’apparition de séries destinées aux adultes et non plus aux enfants et adolescents. Cette petite révolution est menée par plusieurs scénaristes d'origine britannique, Alan Moore en tête mais aussi Jamie Delano, Neil Gaiman ou encore Grant Morrison. À partir de 1987, leurs comics ne s'embarassent plus du tempon d'approbation de la Comics Code Authority, remplacé par la mention Suggested For Mature Readers (suggéré aux lecteurs adultes).

Constantine est ainsi l’un des avatars du passage des comics à l’âge adulte. Jamie Delano, le premier scénariste d'Hellblazer est fortement influencé par le travail de Moore qu’il connaît bien. Il oriente très tôt les thèmes de la série : les démons que John pourchasse ont des implications économiques et politiques. Ils participent notamment aux aspects les moins reluisants de la révolution libérale, menée tambour battant par Margaret Tatcher. Hellblazer est alors une série subversive par sa violence et sa noirceur mais aussi par son sous-texte politique progressiste, alors rarissime dans les comics mainstream.

Sueurs Froides

Hellblazer sera l’une des séries les plus vendues du label Vertigo, et l’une des plus emblématiques de ce label très adulte créé au début des années 90. Le mélange d’éléments fantastiques et horrifiques dans un contexte réaliste et sombre se retrouvera chez presque toutes les séries qui y seront publiées par la suite, Sandman en tête. Le jusqu’au-boutisme des auteurs tranchera souvent avec le classicisme ambiant à la tête de DC Comics. Ainsi, en 1999, Warren Ellis écrit Shoot, ayant pour thème les fusillades scolaires. Quelques jours avant la publication a lieu le massacre de Columbine. DC annule la publication, Ellis démissionne.

Pourtant, John Constantine (et le style Vertigo en général) fera des émules. Avant lui, les personnages de comics n’ont que rarement des opinions politiques, et lorsqu’ils en ont, elles sont rarement révolutionnaires. Constantine, en revanche, est un humaniste convaincu, cynique mais révolté. Ancien punk, il conserve quelques tendances anarchistes et exprime des convictions que l’on peut souvent classer très à gauche de l’échiquier politique américain. Il inspirera de nombreux personnages des années 90-2000, entre mépris et cynisme, mais mûs par un désir de justice et de vérité.

La fin d’une époque

Deux particularités ont fait de John Constantine un personnage stable, à l'environnement en perpétuel renouvellement. D’abord, chaque auteur s’étant penché sur le personnage entre le premier et le dernier numéro d’Hellblazer a amené un style narratif particulier tout en respectant scrupuleusement la personnalité du personnage. Jamie Delano par exemple, s’inspirait de la société britannique de son époque, de l’ultralibéralisme et du punk-rock qui la traversaient alors, quand Garth Ennis centrera beaucoup de ses histoire sur la question du racisme et du fanatisme religieux. John Constantine est également l’un des rares personnages de fiction à vieillir régulièrement au fil de ses aventures, ce qui lui permet de rester en prise avec le réel.

En 2010, après 22 ans d’existence, Hellblazer s’est terminée au numéro 300. Mais John Constantine est toujours là. Désormais intégré au multivers DC classique, il a été relancé avec John Constantine. Ce qui n’est pas sans poser problème ! Les publications du New 52 doivent en effet respecter des standards de publication, contrairement aux publications Vertigo. La relance du personnage s’est donc faite au prix d’une partie de l’esprit noir qui a animé les créateurs de la série… Mais il restera toujours plus de 9 000 pages sans concession à lire avant d’entamer le Constantine nouveau !


Toutes les images utilisées dans cet article sont la propriété exclusive de leurs éditeurs respectifs et ont été utilisées avec autorisation. DC TM © 2014 DC COMICS. All Right Reserved. Urban Comics pour la version française.

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants