Batgirl

Le destin d’une super-héroïne

De Bat-girl à Batgirl

Comme de nombreux personnages de comics, Batgirl n’est pas née telle qu’on la connaît aujourd’hui. Et si Barbara Gordon restera le personnage iconique du rôle, le masque a été portée par plus d’une justicière. En réalité, sa première apparition date des années 50, alors que la série Batman était toujours sous la houlette de Bob Kane. À l’époque, elle s’appelle Bette Kane, et elle est la nièce de Kathy Kane, la Batwoman de l’époque.

Le personnage impopulaire et rapidement abandonné est décrit comme « une version féminine et casse-pieds de Robin » par Carmine Infantino qui le réinventera sous l’identité de Barbara Gordon. Mais dans les années 60, la (tristement) célèbre série télévisée Batman bat des records d’audiences et un nouveau personnage féminin est demandé. Ce sera donc Batgirl, avec la particularité de ne pas entretenir de romance avec Batman ou Robin...

Incarnée à l’écran par Yvonne Craig, Barbara Gordon gagne rapidement en popularité et intègre rapidement le canon des comics Batman. Elle est l’une des premières véritables super-héroïnes à ne pas être exclusivement un faire-valoir des personnages masculins : indépendante, elle se bat, mène ses propres enquêtes et possède un doctorat en sciences de l’information. Rétrospectivement, cela fut un progrès énorme pour l’industrie et Batgirl reste aujourd’hui un symbole de l’émancipation des femmes dans les comics des années 60.

Femmes dans le congélateur

Cependant, un nouveau tournant majeur a lieu pour le personnage à la fin des années 80 : The Killing Joke. C’est en effet dans cette histoire d’Alan Moore que Barbara Gordon se fait tirer dessus par le Joker, ce qui lui paralysera les jambes pendant plus de 20 ans de publications. Mais pendant près de 2 ans, elle est oubliée, avant que Kim Yale et John Ostrander ne créent Oracle… L’accent sera alors mis sur ses capacités déductives, de recherche et sur son intellect hors du commun de manière générale.

Pour certains commentateurs, l’apparition d’Oracle était un progrès chez DC Comics, en montrant pour la première fois un personnage central qui soit également handicapé. Les personnages handicapés restent en effet rarissimes dans la fiction et plus encore ceux qui sont présentés de manière un tant soit peu héroïque.

Mais pour d’autres, notamment Gail Simone, qui a écrit pendant près de 15 ans des aventures d’Oracle puis de Batgirl, la paralysie de Barbara Gordon l’incluait de fait dans la longue liste des personnages féminins tués, mutilés ou dont les pouvoirs leurs ont été enlevés de manière permanente. Le terme « Women in Refrigerators » fut inventé par Gail Simone elle-même pour décrire ce mécanisme beaucoup plus courant chez les personnages féminins que masculins dans les comics, en référence à une ex-petite amie de Green Lantern dont le seul rôle fut d’être tuée et rangée dans le frigo de Hal Jordan…

L’émancipation ?

Dans l’ensemble, il reste difficile de nier que Batgirl a probablement eu une influence plutôt positive dans la représentation et l’écriture de personnages féminins dans les comics. Même si ses premières aventures sans le tiret central de son nom ne sont pas les plus frappantes de ce point de vue, elle reste à l’époque l’un des rares personnages féminins dont l’obsession est de se battre contre le crime, et non d’épouser un héros costumé.

De surcroît, il est certain que ses aventures ont en partie aidé à diversifier légèrement le lectorat des comics, en amenant quelques femmes à s’y intéresser. Son évolution en tant qu’Oracle reste également l’une des plus réussies d’un personnage. Pour Gail Simone, « Kim Yale et John Ostrander ont pris le personnage pour en faire l’une des figures les plus fascinantes du monde des comics ». Aujourd'hui encore, la nouvelle série Batgirl est considérée comme l’une des plus belles réussites du New 52, que ce soit en termes de scénario et d’écriture des personnages. Espérons que cela dure !