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BALANCE TON SUSHI

Le Japon moderne, pas réputé pour son mouvement de libération de la femme, saura-t-il dénoncer les violences sexistes à travers ses mangas ? Trois shojos relèvent le gant.

Au Japon aussi la parole se libère. En janvier 2018 est né le mouvement #WeToo- Japan, sur le modèle de la vague #MeToo, porte-voix des femmes victimes d’agression sexuelle. Mais qu’en est-il dans les shojos, ces mangas pour jeunes filles qui peuvent servir de repère à toute une génération ?

Loin de représenter une généralité, trois titres publiés en français en ce début d’année montrent que les mangas aussi savent apporter un éclairage sur la problématique. En proie au silence de Torikai Akane, Don’t fake your smile de Kotomi Aoki et Sayonara Miniskirt de Makino Aoi n’hésitent en effet pas à aborder frontalement les violences faites aux femmes en donnant des coups de canif dans des pratiques masculines difficiles à éradiquer. On peut d’ailleurs regretter au passage qu’En proie au silence, dont le premier volume est paru au Japon en 2013 (2017 et 2018 pour les deux autres séries), n’ait pas été traduit plus tôt en français.


Une jeune professeur est harcelée sexuellement par le fiancé de sa meilleure amie, une brillante lycéenne est agressée par un homme dans la rue, l’ancienne leader d’un girls’ band peine à se reconstruire après l’agression d’un fan : trois fils rouges analogues pour des shojos qui explorent tout un spectre de comportements condamnables.

Attouchements subis dans le métro, homophobie, lycéens feuilletant des magazines érotiques en classe, chanteuses transformées en (très jeunes) femmes objets et lycéennes draguées par leurs professeurs soulignent les écueils que doivent éviter les adolescentes dans leur vie quotidienne, pour grandir en toute sérénité. Pour autant, même s’ils traitent de sujets graves, ces trois shojos ne tombent pas dans le mélo et donnent aux victimes l’espoir (en dent de scie évidemment) de relever la tête. On ne peut donc que conseiller la lecture de ces trois séries aux adolescentes françaises et aux garçons du même âge pour y trouver source d’inspiration et de réflexion.

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