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L'autisme raconté en BD

Le 2 avril est une date à retenir car c’est la journée internationale de l’autisme. En France, l’autisme touche 1 personne sur 100, c’est à dire 60 000 français. Autre chiffre de l’INSERM à mémoriser, 80% des enfants atteints d’autisme en France ne sont pas scolarisés car il n’existe pas assez de structures adaptées pour eux. 
Pour l’occasion, Zoo le mag décide de soutenir cette journée et le spectre autistique à travers le neuvième art avec une sélection d’albums. 

Ted, drôle de coco  


Ted, drôle de Coco - Atrabile


Ayant reçu le Prix Révélation au festival d’Angoulême 2019, la BD Ted, drôle de Coco suit le quotidien de Ted, un grand bonhomme qui a une vie aux allures d’Un jour Sans fin. Il se lève tous les jours à la même heure, mange les mêmes céréales accompagnées de lait, prend le métro en étant assis à la même place, travaille à la bibliothèque (dont il connaît l’emplacement de chaque livre par coeur), mange au fast-food tous les midis et prend le même « Tripol Tcheeze Bécon Sauce Mayo Extra Fritos et un Coca ». Autant dire que Ted déteste le changement. Mais sa vie va justement prendre un autre tournant le jour où le métro tombe en panne. Une aventure sans fin s’offre alors à lui. 

La BD met en scène des situations quotidiennes de personnes porteuses de cet handicap à travers le personnage de Coco. Lorsque ce dernier rentre dans la rame de métro et stipule à une passagère qu’elle est assise à sa place, celle-ci le traite de « Gros pervers! » constatant que tous les autres sièges sont vides. Cette scène montre la difficulté au changement qui est l’une des caractéristiques de l’autisme. Les habitudes rassurent tout le monde. Pour beaucoup de personnes autistes, elles sont nécessaires.

Le titre et prénom du protagoniste, TED, fait référence à l’ancien acronyme utilisé pour définir l’autisme: TED (Troubles Envahissants du Développement). Aujourd’hui, il faut utiliser TSA (Troubles du Spectre Autistique). 

L’autrice belge Emilie Gleason s’est inspirée de son frère diagnostiqué Asperger. A seulement 25 ans, elle livre une BD captivante, qui instruit son lecteur à travers une ballade de couleurs vives et énergiques. 

Camouflage 


Camouflage traite de l’autisme chez les femmes sachant que des études révèlent que l’autisme touchent 3/4 garçons pour 1 fille. Ce roman graphique s’ouvre sur la sélection en fonction du sexe dans le recrutement des chercheurs. Si les études sur l’autisme commencent en 1940, celles-ci sont basées essentiellement sur des profils masculins. Il faudra attendre 1980 pour que les chercheurs s’intéressent à l’autisme chez les femmes. 

A travers le témoignage de trois femmes autistes: Paula, 24 ans. Ellie, 19 ans. Et Mimi, 30 ans. Tour à tour elles racontent leur vécu, de leur enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence. Elles font part de leur difficulté à intégrer les règles sociales mais aussi du regard que le monde porte sur elles. Camouflage traite plusieurs thématiques comme l’adversité à faire reconnaître les traits autistiques féminins car ils se présentent différemment de ceux connus chez les hommes. L’ouvrage aborde également l’effort que ces femmes font pour paraître « normales » afin de combler les attentes extérieures.

Psychologue et clinicienne spécialisée dans l’étude du profil féminin de l’autisme, le Docteur Sarah Bargiela est l’autrice de ce roman graphique.
Il est disponible sur le site de l'éditeur mais n’est actuellement disponible qu’en anglais. 


Couleur d’Asperge - Le jour où j’ai découvert que j’étais Asperger 

Couleur d'Asperge / Glénat

Lusun, qui signifie Asperge en chinois, est autiste Asperger. Le syndrome Asperger est une forme d’autisme. C’est un trouble du développement neurologique d'origine génétique. La principale différence avec l’autisme est qu’Asperger ne comprend pas de retard mental. Comme le personnage de Lusun, une personne portant ce syndrome ne supporte pas certaines choses comme le bruit, la lumière, le toucher ou les odeurs.

Couleur d’Asperge suit le chemin d’une jeune adolescente qui évolue dans un monde où elle ne se sent pas à sa place. A l’école, mis à part un garçon qui la prend sous son aile, les autres élèves ne l’intègrent pas et pire, ils se moquent de sa différence. Au fur et à mesure de l’histoire, des idées noires s’immiscent dans son esprit. Elle croit ne pas correspondre à la norme et c’est un mal dont elle pense être la seule responsable. Elle se sentira enfin libre le jour où un médecin lui fera une révélation: elle est Asperger. 

L’auteur Drakja, lui-même Asperger, propose un regard sur la vie d’un être se trouvant dans l’incompréhension la plus totale. Car elle pose des questions et comprend qu’une donnée manque mais personne, ni même sa famille, n’est capable de répondre à sa demande. Couleur d’Asperge est donc un témoignage mais aussi, un outil de compréhension précieux.  

Les petites victoires 

Les petites victoires / Rue de Sèvres
© Rue de Sèvres


Si il est important de parler des personnes autistes, il est tout aussi nécessaire de parler de leurs proches. A travers Les petites victoires, l’auteur raconte l’aventure d’un père s’occupant de son fils autiste. 
Les papiers à remplir mais aussi les rendez-vous à prévoir avec l’orthophoniste, l’orthopédadogue, l’ergothérapeuthe, le psychométricien… 

La BD raconte la vie d'un père qui se sent impuissant devant son enfant qui ne lui répond pas souvent et qui le repousse pour des câlins. Au début, le seul moment de partage échangé entre eux était lors du visionnage de Rififi le lapin, dessin animé qui absorbe totalement le petit Olivier. Le père est laissé en proie au doute et à des interrogations. Son fils « aura t-il une copine? Des enfants? Une vie? ». Dépassé par l’handicap de son fils, son comportement change et occasionne la rupture avec sa femme. Olivier est désormais en garde partagée. Mais petit à petit, le père va comprendre son fils et percevoir l’ampleur de la solitude que l’autisme impose. S’ensuit alors une aventure touchante et courageuse d’un père qui va tout faire pour que son fiston ne « soit plus jamais seul ». 

L’idée de faire cette BD est d’abord venue d’une éducatrice spécialisée ayant travaillée avec le fils de l'auteur. Dans la note d’intention d’Yvon Roy au début de l’ouvrage, le scénariste confie qu’ « Elle pensait que ce que nous avions accompli ensemble méritait d’être partagé afin que d’autres parents puissent trouver, à travers notre expérience, quelques informations utiles, sinon un peu d’espoir». Et bien, elle avait raison. Les petites victoires est un ouvrage salvateur pour toute personne ayant un proche autiste dans sa vie. Et surtout, il montre l’amour infini d’un père envers son enfant. Une BD aussi passionnante que touchante. 



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