Il y a, en un temps lointain, eu à Angoulême l’exposition Esthétique du noir et blanc dans la bande dessinée. Pour l’édition 2023, c’est la couleur qui se met en scène dans une exposition immersive, Couleurs !
« Nous avons voulu, avec Sonia, un retour aux expositions thématiques en nous rappelant celle au Théâtre sur le noir et blanc. On a trouvé que le clin d’oeil était amusant pour la 50èmeédition du festival avec un maximum de techniques représentées. » Pour Cathia Engelbach, le but de l’expo est clair : « Il faut que le visiteur ressente l’effet de la couleur. L’idée est d’entrer dans une grande salle avec une effervescence colorée. Une douzaine de panneaux de 2,40 m sur 1,20 m recto verso présenteront l’usage de la couleur, ses profondeurs, une vraie effusion. Des tableaux seront plus techniques, en aquarelles, gouaches. On se baladera librement sans parcours, sans fléchage, une véritable narration par la couleur. » Le petit rappel historique au début de l’exposition permet d’en comprendre tout l’enjeu.
La couleur ex-parent pauvre
Pas simple en effet de mettre en vedette la couleur, longtemps parent pauvre de la BD face au noir et blanc, mais laquelle : la directe, la numérique ? Les deux évidemment sans parti pris : « On ne fait que présenter le travail du coloriste », assure Cathia Engelbach. Une centaine d’oeuvres seront accrochées, mais l’expo n’est (NDLR : début décembre, au moment de la rédaction de ce numéro) pas encore bouclée à 100 %. Comme le souligne la commissaire, « on peut citer Arzach de Moebius qui ouvre la bande dessinée à la couleur directe et à la picturalité suivie par Bilal, Yslaire, Mattotti, Pédrosa, Cosey, Mézières, Pratt, Emmanuel Lepage dont une planche de son dernier album Cache-cache bâton sera accrochée. Sa page est en acrylique pour marquer une rupture totale dans son récit donc un acteur primordial de son oeuvre. »
Planche d'Emmanuel Lepage pour l'exposition "Couleurs !"
©Emmanuel Lepage ©Festival d'Angoulême
Pas question de parler avec l’informatique de dérive technologique nuisible à l’âme même de la BD, par rapport à la couleur directe. Pour Cathia Engelbach, « nous sommes formelles. Les deux cohabitent parfaitement. Ce n’est pas un hommage à la couleur directe, ni un état des lieux, mais un melting pot sur l’effervescence de la couleur aujourd’hui au service de la BD, l’ensemble des techniques. La couleur est le lien entre écriture et dessin. La coloriste comme le dit Isabelle Merlet se met au service du dessinateur. » La couleur n’est pas le troisième larron après crayonné et encrage, mais partie intégrante de la création artistique. Le propos de l’expo n’est pas de mettre une technique au-dessus de l’autre.
Les commissaires voulaient des planches parues, pas des tableaux. Elles savent qu’on ne peut pas être exhaustif tant l’expression de la couleur est riche, novatrice. Les coloristes vont aussi dévoiler leurs secrets. « Couleurs ! » est un feu d’artifice pour mieux apprécier les nuances subtiles, douces ou violentes qui font rêver, aimer et apprécier le 9èmeArt.
Angoulême2023
Exposition
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