Il émane de Goodbye! un parfum familier de récit d’apprentissage adolescent. Mais sa flamboyance visuelle ahurissante se voit amoindrie par la maladresse de son écriture un tantinet mièvre.
Comme à chaque été au Japon vient le temps des célébrations marquées par des feux d’artifice dantesques dans les grandes villes. Mais dans la campagne reculée où vit le jeune Roma, la pyrotechnie céleste se fait avec le système D des fusées et pétards achetés à l’échoppe du coin. Cela a toujours été une tradition avec son ami Toto de faire une contre-soirée.
Mais Roma et Toto sont aux portes de la majorité, le premier est resté aux champs tandis que le second revient tout juste pour les vacances de Tokyo où il étudie. Et la distance géographique est devenue aussi affective. Roma s’est entretemps lié d’amitié avec un autre garçon, le chétif Drop, qui propose de filmer leur tir avec son drone. Sauf que rien ne va : les feux d’artifice ne fonctionnent pas et le drone est emporté par le vent. Au même moment, un feu de forêt se déclenche. La toile s’affole et les pointe du doigt. Le trio part à la recherche du drone pour prouver son innocence.
© Goodbye!, 2023
Mièvrerie diabétique
Tout concourt avec ce résumé à poser un cadre archétypal du récit « du dernier été ». Si les caractères enjoués, voire surexcités, de Roma, Toto et Drop peuvent brièvement faire penser aux Goonies de Richard Donner, leurs divergences d’intérêts respectifs sur ce qui les anime, distillent progressivement une tonalité qui n’est pas sans rappeler Stand By Me de Rob Reiner. Suffisamment entout cas pour avoir souvent deux temps d’avance sur le déroulé de l’histoire. Même si le trio se révèle vraiment attachant, Good-bye! a la main lourde sur la mièvrerie sirupeuse et certains coups du sort virent parfois aux deus ex machina un peu embarrassants.
Sublime randonnée
Heureusement, ce deuxième film de Atsuko Ishizuka sublime magnifiquement le périple naturaliste de son trio. Ses séquences dynamiques impressionnent par la fluidité des animations. Mais il n’est jamais aussi brillant que lorsqu’il met en scène des passages contemplatifs à l’ambiance éthérée.
On plonge alors notre regard au point de volontiers s’y perdre au cœur de ces paysages verdoyants caressés par une lumière chaude, de ces axes routiers submergés par des eaux tranquilles, ou de cette cabine téléphonique perdue au milieu d’une immensité minérale. Dans ces moments-là, le cinéaste compose des cadres d’une profondeur inouïe, excédant les limites de l’oeil humain. D’un point de vue formel, Goodbye! est indéniablement une belle carte de visite.
Article publié dans ZOO Manga N°6 Janvier-Février 2023
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