Au festival de Perros-Guirec ce week-end ? Un atelier scénaristique avec Kris

En entrant discrètement dans la salle de séminaire du casino de Perros-Guirec, une jeune femme se tient devant un écran de vidéoprojecteur, face à une dizaine de personnes dont le scénariste Kris. Elle présente une histoire qu’elle veut raconter et qu’elle a déjà commencé à dessiner. L’histoire de son grand-père, qui fût agent secret en Indochine. Kris l'interroge : « D’accord, mais tu es où, toi, dans cette histoire ? »

Ils sont quatorze, dont 10 femmes. Le vendredi précédant le festival BD de Perros-Guirec, puis le samedi, ils ne sont pas allés faire de dédicaces. Ils et elles participaient à un atelier d’écriture animé par le scénariste de Notre-Mère la Guerre, le Brestois Kris.

"J’ai vu deux personnes qui ont un vrai potentiel de professionnalisation."

Un groupe très hétérogène. La plus jeune a 14 ans et les plus anciens ont dépassé les 50. Lycéenne, étudiants, bibliothécaire, éditrice freelance, les profils professionnels sont variés. Tous et toutes partagent cette même envie : écrire de la bande dessinée. Soit en tant que scénariste, soit en tant qu’auteur ou autrice complet, qui représentaient la moitié du groupe. Chacun vient avec ses objectifs, ses ambitions.

« J’ai vu deux personnes qui ont un vrai potentiel de professionnalisation, à court terme. Elles savent écrire, défendre un projet et sont dans le bon âge pour entrer dans la profession. En plus, elles ont un très bon sujet, tout à fait dans l’air du temps. Il y a même un auteur complet qui a déjà signé chez un éditeur. Quant à celle qui a 14 ans, ça se voit qu’elle aime faire de la bande dessinée, que c’est un projet solide, donc elle va tout droit vers ça, oui. »

On est tous une histoire à raconter

L’équipe d’organisation du festival s’est inspirée du travail réalisé par le festival BD Boum de Blois. L’objectif : créer de la rencontre, différemment, au-delà des séances de dédicaces.
Le scénariste a donc construit son programme en quatre demi-journées. Le premier temps s’est concentré sur la présentation de chacun. « Je voulais voir comment ils se racontaient. Pour bien leur faire comprendre que nous sommes tous des histoires, avant d’en raconter. » Un moyen aussi de se nourrir des situations de chacun et chacune pour commencer à explorer le monde du scénario.  Ensuite l’auteur a déployé son quotidien de scénariste, la dimension technique, du pitch à la présentation de son projet à des éditeurs. Pour finir les participants présentaient leur projet personnel d’écriture, afin que ET Kris, ET leurs collègues d’un week-end, puissent rebondir et les faire avancer.

« Ce n’est jamais facile, de mener de tels ateliers. C’est un public hétérogène, ce n’est pas un séminaire pour scénaristes professionnels dans lequel on va aller très loin dans la dramaturgie. Et en même temps, il ne fallait pas non plus se contenter de faire du b.a.-ba de la BD. Il ne faut pas arriver avec beaucoup de choses préconçues pour pouvoir travailler avec leurs intérêts et leurs besoins. »

Et donc, qui étaient ces 14 participants ?

Une fois rencontrés, les profils s’avèrent en effet très différents. Ils ont deux points communs : le lien à la Bretagne, et le besoin de sortir de l’isolement de l’écriture. Car si l’on ne participe pas à un média, si l’on ne tient pas un blog, l’écriture scénaristique est souvent un acte solitaire. Mêmes celles ou ceux qui dessinent dans le groupe le disent. Ils voulaient sortir du regard des proches pour se confronter à celui d’un professionnel. Mais c’est aussi de collectif dont ils ont besoin. Tandis que l’animateur de l’atelier clôt les échanges, les téléphones s’échangent. Un groupe WhatsApp sera constitué afin que chacun puisse continuer à donner des nouvelles de ses avancées.

Créer de la solidarité autant que du désir de professionnalisation, sans nul doute que le bilan ne peut qu’être positif pour le scénariste d’Un homme est mort.