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Jusqu'au coup de sifflet final

En adaptant au cinéma son propre shônen à succès sur le basket, Takehiko Inoue signe avec The First Slam Dunk une épopée intimiste aussi astucieuse dans sa construction qu’impressionnante dans sa mise en scène.

The First Slam Dunk : un énième shônen sportif sur le dépassement de soi et sur les traumatismes incontournables pour vaincre l’adversité ? C’est ce qu’un néophyte occidental serait tenté de penser une fois qu’il a pris connaissance de l’intrigue : grosso modo, une finale de championnat inter-lycées opposant une équipe d’outsiders à celle détentrice du titre, invaincue depuis des années. Mais au Japon The First Slam Dunk représente bien plus que ce jugement hâtif. On parle ici de l’adaptation cinématographique de Slam Dunk, la série manga de Takehiko Inoue publiée en 31 volumes et écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires dans l’Archipel,une série à l’origine d’un immense regain de popularité pour la discipline au cours des années 1990. Les raisons d’un tel succès ? Peut-être l’ancrage de son récit au long cours avec une approche réaliste du basketball, prenant le contre-pied quasi-total de l’hyperbolisme magique d’un Captain Tsubasa (Olive et Tom en VF) !

The First Slam Dunk

The First Slam Dunk © Wild Bunch, 2023

Intensité du présent contre traumas du passé

Se chargeant d’adapter au cinéma sa propre création avec des moyens conséquents, Takehiko Inoue ne fait pas grand cas de l’imposant tribut nostalgique. Le film ne s’embarrasse pas de longues présentations pour plonger illico le spectateur au cœur d’un match âprement disputé. On serait en droit de s’inquiéter au vu de la durée des deux heures du film. Mais ce serait sans compter la colonne vertébrale du film, un va-et-vient métronomique entre l’intensité du présent compétitif et les traumatismes du passé charriés par les nombreux flashbacks de l’équipe challenger. Ainsi Ryota, le meneur de jeu dont la petite taille est compensée par sa vélocité et son sens de la perfection technique, se taille la part du lion dans l’ombre de son frère aîné et mentor
tragiquement disparu.

Il y a de quoi décontenancer les connaisseurs puisque le personnage principal a toujours été Hanamichi, le roi du rebond rebelle. Ce choix se révèle pourtant judicieux pour s’étendre aujeune public et apporter un supplément d’âme au cahier des charges du shônen au sein duquel aucun cliché ne nous est épargné. Heureusement, The First Slam Dunk peut compter sur la réalisation éblouissante de Takehiko Inoue qui, en mélangeant avec grâce animations traditionnelle et infographique, déploie un modèle de fluidité et de lisibilité constamment ébouriffant. Il souligne alors l’importance prépondérante du beau jeu tactique et collectif dans un final frénétique proche de l’abstraction. Les publics japonais et sud-coréens ne s’y sont pas trompés en lui réservant un triomphe à même de reléguer Avatar : la voie de l’eau de James Cameron sur le banc de touche.

Article publié dans ZOO Manga N°9 Juillet-Août 2023

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