L’exposition que consacre actuellement la galerie Huberty-Breyne (Paris) à Milo Manara permet de découvrir des illustrations en couleur faites pour le livret d’un opéra ainsi qu'une sélection de planches originales de son nouvel album Le nom de la rose, réhaussées d’un superbe lavis. L’occasion d’échanger quelques mots avec le Maestro lors du vernissage.
Quand on lui dit que dans ce récit, le lecteur est pris par les dialogues, par le mystère et par l'ambiance, Manara répond simplement « C'est que j'ai réussi mon travail ». Puis il précise : « C'était toute la difficulté de sélectionner au sein du roman les textes qui permettent malgré tout de raconter l'histoire. » Ce sont en effet les mots exacts de Umberto Eco qu’il a repris. Le traducteur de la bande dessinée en français a été les chercher dans la traduction du roman. Manara glisse : « Le fils d’Umberto Eco m'a dit qu'il avait retrouvé l'histoire. Ce qui est bien. Mais si on a la patience de lire tout le texte de Umberto Eco, c'est une joie ! »
© Milo Manara
Manara s’anime en commentant certaines de ses planches exposées, comme celle reproduite page 14 de l’album. « J’ai passé du temps sur cette case qui rend la porte d’accès à l’abbaye imposante. Le moine referme la porte derrière Guillaume de Baskerville et son disciple, montrant qu'on entre dans un monde fermé. » La case suivante, sur la même page, montre un petit groupe d’hommes marchant dans la neige. « Ponctuer certaines planches de grandes cases, c’est pour une question de rythme » car le regard ralentit pour en appréhender les détails et on s’immerge alors mieux dans l’ambiance. Puis, en montrant la planche suivante (page 15) :« Mais cela permet aussi de situer, de voir comment était organisée l'abbaye. Et de se repérer par la suite dans les différents événements de l’histoire. ». C’est utile à l’artiste comme au lecteur.
Pour certaines planches (notamment dans les pages 54 à 60), on observe un changement de style du dessinateur. « C’est pour faire le récit dans le récit ». Il décrit avec passion les cases d’une de ces pages exposées, donnant le contexte de l'histoire dans l’histoire, citant le nom d’un château que l’on voit dans le fond d’un décor (page 58), édifice qui a été reconstruit différemment par la suite. Rien n’est laissé au hasard.
« Maintenant il faut que je réussisse à poursuivre cet équilibre dans le tome 2. » conclut-il.
| Infos pratiques : Galerie Huberty & Breyne 36 avenue Matignon Paris 8ème Exposition du 22 au 30 septembre 2023 Du mardi au samedi, 11h-19h Pour en savoir plus : Exposition Vie d'artiste - Milo Manara |
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