ZOO

"Urbance", une plongée audacieuse dans un futur dystopique

Dans un univers proche du nôtre, sur une île qui rappelle New York 1997 et les quartiers sombres des Guerriers de la nuit, les clans masculins de Junk Town et féminins de Tech City vivent dans une séparation rigide, considérant l'autre comme un ennemi farouche. Cependant, l'émergence d'un stupéfiant simulant l'orgasme défie ces barrières. C'est dans ce contexte que se déroule Urbance, un album qui explore les thèmes de l'amour interdit, de la musique vibrante et de la société au bord de l'implosion.

Une tragédie musicale inspirée par Roméo et Juliette

La série Urbance, imprégnée d'une esthétique inspirée de l'animation et du jeu vidéo, explore un monde dystopique où les influences de la littérature classique, des récits contemporains et des films d'anticipation se croisent. L'auteur, Joël Dos Reis Viegas, a puisé dans des références telles que The Warriors, New York 1997, Roméo et Juliette, La Haine, et même West Side Story pour créer son récit.

 Joël partage ses réflexions sur les prémices du projet et ses influences variées :  "Les univers de The Warriors ou New York 1997 sont totalement en phase avec la société dystopique d’Urbance et ses personnages en mal de vivre. Sur un ton plus léger, West Side Story m’a inspiré pour les affrontements gars/filles et l’ambiance générale. La Haine est aussi un très bon exemple ; l’imagerie et le ton sombre de Kassovitz ont sûrement laissé des traces chez moi, et étant un grand fan de Takeshi Koike et de Katsuhiro Ōtomo, je les ai inconsciemment mixés à ma manière pour créer un univers à la fois anxiogène et attrayant. Je pourrais aussi citer les œuvres de Ray Bradbury et de Philip K. Dick qui, comme dans Bienvenue à Gattaca, décrivent généralement une société extra-policée dans laquelle nul n’a le droit à l’erreur et où chacun se retrouve pourchassé par ceux-là même qui l’ont engendrée. Roméo et Juliette ne fait d’ailleurs pas exception à la règle.

Des personnages complexes

Dans une récente interview, Joël explique que l'idée de la séparation des sexes dans un monde déshumanisé lui est venue en 2011. Il a été inspiré par un documentaire sur les gangs de rue féminins. Il y ajoute une touche de couleur et de stylisation à un monde sombre qu'il explorait lors de son travail sur le jeu vidéo Thief 4. Il confie : "Montréal étant une ville bilingue et plutôt féministe, je pense avoir été influencé par ce brassage culturel et ce clash des mentalités."

Les protagonistes d'Urbance sont soigneusement façonnés, tant du côté des "boy area" que des "girls area". Parmi eux, Kenzell, un jeune D.J. idéaliste, et Lesya, une rebelle solitaire, se démarquent. Les personnages comme Brain, Big-O, Soeur Amy et Soeur Gale ajoutent des nuances et des conflits à cette trame narrative complexe.

JUNK TOWN - BOYS AREA

JUNK TOWN - BOYS AREA

Féminité militaire

Dans le premier tome, le quotidien des femmes semble plus ardu que celui des hommes au sein des Deadly Eves. L'intégration et la répartition des tâches adoptent une tonalité militaire, voire carcérale. "Ironiquement, les femmes s’appellent  toutes par « Sœur… X » et prêchent la bonne parole. J’aime bien ce contraste quasi religieux dans les rapports hiérarchiques des personnages. Pour créer des tensions aussi, je trouvais ça intéressant" explique  Joël.

TECH CITY - GIRLS AREA

TECH CITY - GIRLS AREA

Mélange explosif

Urbance propose également une expérience multi-sensorielle avec son fond musical électro, une bande-son presque palpable à travers les décors, ambiances et onomatopées créatives. La fusion de genres et d'influences crée une toile de fond visuelle et sonore immersive, transportant le public dans un monde où la liberté d'aimer est le défi ultime.

À la découverte de Coevo, les architectes de l'Ordre

La société Coevo, mystérieuse et puissante, entre en scène dès le tome 2, dévoilant ses intentions et révélant les limites et règles qui régissent Neopolis. Joël  promet une exploration approfondie de cette entité intrigante... une plongée dans les rouages d'influence.

En librairie à partir du 5 janvier 2024, 192 pages, 5 euros

Pour aller plus loin

Dystopie

ScienceFiction

TensionsSociales

InfluencesLittéraires

GangsDeRue

GlobalManga

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants