L'Enfer était à Paris ce 2 mai... et pas n'importe où ! La dimension infernale a choisi le bar de l'Atomic Cat pour accueillir l'un de ses plus meilleurs illustrateurs contemporains en la personne d'Olivier Ledroit, dessinateur des Chroniques de la Lune Noire et de Wika. À l'occasion de la sortie du très (voire trop) attendu tome 12 de Requiem Chevalier Vampire, les éditions Glénat ont été fort inspirées d'y organiser une séance de dédicace. Fan inconditionnel, Zéfurin s'y est rendu et nous raconte…
Situé dans le 11e arrondissement de la capitale, l'Atomic Cat affiche fièrement une déco post-apocalyptique idéale pour accueillir les plus fervents zélotes du travail de Ledroit... et en cosplay, s'il vous plaît ! Ambiance hard rock métal garantie !
N'ayant pas une garde robe assortie pour me mêler convenablement à un rituel méphitique, l'humble damné que je suis a revêtu un ensemble composé d'un jean noir, d'une chemise rouge bordeaux, d'un gilet aux motifs dorés et... (*roulement de tambour*)... d'une cravate : rien de mieux pour rappeler cet enfer moderne que l'on nomme bureaucratie et administration. J'ai toutefois ajouté une petite folie en plus de la cravate : une montre à gousset comme dernier accessoire ponctuait mon style (pas très) sordide d'une (timide) aura « steampunk ».
L'Atomic Bar © Zéfurin
Chargé des albums les plus précieux de ma collection personnelle pour présenter "patte noire" devant Ledroit, j'étais fin prêt pour intégrer l'antre de la bête ! C'est avec une musique de heavy metal et une odeur de sueur alcoolisée que mes yeux ont eu la délicate épreuve de s'accoutumer à l'obscurité du mal. Il n'y a pas à dire, l'organisation de la salle était divinement assortie ! En plus du bar :
- Un stand où acheter les séries phares de l'auteur et éditées par Glénat : Wika, Requiem Chevalier Vampire et Le Troisième Œil,
- Un stand de maquillage pour les petites finitions avant le jugement dernier,
- Un interrogatoire des « mauvaises mœurs » pour les heureux élus désignés par un système de billet tombola. Un interrogatoire se concluant par l'obtention d'un passeport spécial pour l'Enfer et la réincarnation choisie (Zombie, Vampire ou Goule...),
- Une table à dédicace montée sur une estrade présidée par un Olivier Ledroit... tout de noir vêtu ! À ses côtés, une guitare électrique arborant une customisation comme lui seul sait les dessiner !
Bref... Aucun paradis n'aurait pu réunir autant de bon goût en un seul endroit. Profitant d'un passage à vide où Olivier Ledroit se retrouve seul à la table... je FONCE ! Mes mains sont moites. Ma gorge est sèche. Mes yeux sont larmoyants d’émotions. Un « bonjour » timide est échangé pendant lequel je sors l'album le plus précieux de ma collection originale de Requiem : un tome 10 arborant une couverture en édition limitée (publiée en 2010) lorsque la série était autrefois chez feux les éditions Nickel, la maison d'édition fondée par Olivier Ledroit et Pat Mills (le scénariste... grand absent de la soirée) spécialement pour la série.
À la vue de l'album, Olivier la regarde quelques secondes avant de m'avouer : « C'est la couverture la plus rare. Je... je sais. Et pour moi, c'est le meilleur personnage que vous ayez dessiné pour cette série. Son look, cette pose... je la trouve magnifique ! »Je profite de l'instant pour admirer sa méthode de dédicace. Olivier Ledroit commence d'abord au crayon le schéma du visage avant de dessiner le contour final au stylo noir. Enfin, il termine son œuvre armé d'un pinceau et de sa plus belle encre bleu (de Chine ?).
À deux reprises, je le vois retourner la couverture pour noter les détails de la silhouette vampirique : en effet, voilà sûrement quatorze ans qu'il ne l'a plus redessinée. Alors en train d'encrer sa dédicace sur l'album, il commence à me révéler que le personnage sur la couverture (une vampire autrefois agent soviétique condamné à l'enfer) lui évoque les débuts de la série : autrefois, Ledroit et Mills hésitèrent sur la nationalité du personnage principal : un Allemand ou un Russe. Ils optèrent pour un Allemand afin de mieux correspondre à l'ambiance gothique qu’allait prendre la série.
Olivier Ledroit © Zéfurin
Il me parle également de ses travaux actuels, notamment sa série Le Troisième Œil dans laquelle Ledroit imagine un Paris fantasmagorique. Seul à la barre sur la série (en tant que dessinateur et scénariste), il réfléchit à en faire cinq tomes. Il travaille également sur un projet... celui des Fleurs du Mal, un recueil de peintures sur l’univers culturel de Baudelaire lorsqu’il écrivit son recueil de poème le plus célèbre. Je suspecte quelque chose de gros, car son visage s'est illuminé en en parlant. Tout se dessine et se discute en moins de cinq minutes. À la fin, il me prend en photo avec la dédicace bien partie pour attendre une bonne demi-heure de séchage. Je lui dis un « Merci pour tout ce que vous faites » avant de m'éloigner ravi jusqu'aux oreilles.
Dédicace d'Olivier Ledroit © Zéfurin
Je constate dans le fond du bar un espace où les autres chanceux à avoir eu une dédicace font sécher les leurs. J’y ajoute la mienne et nous passons en revue l’étendue des illustrations effectuées. Non sans leur autorisation, je les prends à mon tour en photo pour les partager car voilà... un dessin d'Olivier Ledroit... c'est quelque chose d'exceptionnel. Un délire gothique d'une beauté orgiaque. C'est un style qu'on aime ou, inversement, qu'on n'aime pas... mais même les lecteurs peu réceptifs à ce style (très) surchargé reconnaissent chez Ledroit un sens du détail et une technique de peinture très impressionnante. Vous ne verrez pas Ledroit faire du dessin numérique. Ni avoir recours aux IA.
Allez admirer ses planches à la Galerie Barbier : 10 rue Choron, 75009 Paris.
Du 16 mai au 22 juin.
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