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Auteurs de BD et musique : sur quelles notes sont écrits et dessinés leurs albums ?

11 auteurs partagent leurs écoutes musicales lorsqu’ils travaillent. Du classique au métal, en passant par les musiques de films ou le jazz, la palette est large et varie selon les phases et les humeurs. Sans oublier les podcasts ou le silence ! En bonus, certains d’entre eux parlent des concerts vus ou visés au Cabaret Vert…

Quels types de musique écoutez-vous lorsque vous travaillez ? Cela change selon les différentes phases de l'élaboration d'un album ? 

Julien Neel : Oui, comme, je pense, la plupart de mes collègues auteurs de BD, on est tous très mélomanes parce qu'on fait un métier où on est assez souvent seul à travailler assis à notre table. Donc on travaille très souvent en musique, avec de la musique très variée.

Ce qui est marrant, c'est que je me fais des playlists qui correspondent à différentes étapes, comme je pense pas mal de mes collègues. Il y a des playlists pour l'écriture. Il y a d'autres playlists où je vais généralement aller vers des choses plus contemplatives, méditatives, vers du jazz, du classique ou de la musique ethnique, voire tribale !

Edith : J'ai longtemps écouté de la musique en dessinant, mais maintenant moins. À la limite, je préfère mettre une musique un peu entraînante pour faire les corvées que je n’aime pas faire, genre le ménage. Cela dépend de mon humeur. À priori, j'ai plutôt une culture rock'n'roll. Maintenant, il y a des groupes très énervés que j'écoute moins parce que les années ont passé et puis c'est moins à mon goût. Mais ça reste quand même essentiellement de la pop et du rock que j’écoute.

Mais pour travailler, non. Par contre, il m'arrive de dessiner en écoutant des podcasts sur des écrivains, sur l'Histoire, etc., que je n’écouterais pas forcément en ne faisant rien. Si je suis en train de découper une planche, je vais plutôt faire ça dans le silence parce qu'il y a tout un processus de création intellectualisé qui demande pour moi du silence. Après, quand je dessine ou fais les couleurs, je peux écouter des podcasts.

Aurélien Morinière : Il y a plein de trucs en ce moment ! j'écoute beaucoup Wye Oak et Beach House. Il y a aussi Perfume Genius et plein d'autres groupes que j'aime beaucoup. Je suis non stop en musique en bossant. Je varie un petit peu parce qu'en plus, je travaille beaucoup en ce moment en live sur Twitch. Donc j'ai des playlists. Ce n'est pas que je pense aux gens qui regardent, mais parfois je varie un peu pour que ça ne tourne pas trop en boucle.


J’ai des playlists un peu agitées en électro, un peu énervées. Mais j'essaie d’être sur des trucs plus contemplatifs et un peu planants : il y a du rock, des choses comme ça. Tout ce qui est métal ou électro très énervé (je préfère l'électro énervée), c'est vraiment sur des petits moments. Et je suis souvent sur des playlists de rock indé. Sur ma playlist, il n’y a pas beaucoup de morceaux qui passent à la radio. J'ai une culture assez médiocre sur les standards actuels. Mais j'explore des trucs parfois un petit peu bizarre !

Éric Corbeyran : J'écoute de la musique en permanence ! Deux styles : celle que j'écoute quand je ne travaille pas, qui est à l'étage chez moi, et celle que j'écoute quand je suis au rez-de-chaussée dans mon atelier. Et c'est cette musique-là qui nous intéresse ! J'écoute principalement des B.O. sans paroles. Je choisis toujours selon ce sur quoi je bosse. Si je suis en train d'écrire un polar ou un heroic fantasy, suivant le registre dans lequel je suis baigné, j'ajoute à l'univers visuel que je crée autour de moi une dimension musicale idoine. Par exemple, quand j'ai écrit un heroic fantasy ou un péplum comme Caledonia, le dernier bouquin que j'ai fait avec Emmanuel Despujol, je me suis beaucoup mis Gladiator de Hans Zimmer. Il n’y a pas de paroles et c'est une musique ultra narrative qui me porte, qui m'encourage à écrire. J'adore me créer une ambiance sonore.

Parmi les compositeurs de musiques de films, que j’apprécie, j’écoute Hans Zimmer, dont je parlais. J'ai aussi par exemple quelques compiles de John Barry et d'Ennio Morricone. La dernière B.O. en date que j’écoute très souvent est celle de Game of Thrones. J'ai oublié le nom du compositeur mais j'aime beaucoup ce qu'il fait. (NDLR : il s’agit de Ramin Djawadi.)

Jean Dytar : Je dessine souvent en écoutant de la musique. Mais je suis hyper éclectique dans ce que j'écoute donc il serait difficile de spécifier quoi. Mais pour travailler, en général je n’écoute pas forcément des titres avec des paroles en français. Cela peut être de la musique électronique, du classique, du jazz, du rock... Et ça dépend des énergies dans le travail. Dans la BD, je ne dessine pas seulement, et quand j'écris, je n'écoute alors pas la même chose : il ne faut pas du tout de paroles, ou dans une autre langue.

J'écoute aussi des musiques du monde. Parfois, c'est vraiment lié au projet. Quand je travaillais sur Le Sourire des marionnettes, j'écoutais beaucoup de musique orientale, notamment du oud, le luth arabe. Il y a des effets d'immersion avec la musique. L'ampleur de certaines musiques de films aussi, peut porter, apporter une certaine énergie.

Laura Zuccheri : Je dirais que j'écoute beaucoup de styles de musique y compris du jazz. Mais quand j'ai besoin d'énergie, je préfère écouter du rock, du hard-rock, du heavy metal, ce genre de musique énergisante. En ce moment, j'écoute beaucoup de Nine Inch Nails, Limp Bizkit, Linkin Park. Ça dépend de mon humeur. J'aime découvrir de nouveaux groupes, mais ça dépend de ce que je dessine, surtout du type d’énergie dont j'ai besoin à ce moment-là. Quand je dessine, je fais attention à cela.

Olivier Grenson : Je suis très éclectique en musique, ça peut partir des choses très classiques comme Pink Floyd que j'écoute toujours et que j'ai découvert quand j'étais gosse, ou Supertramp, Genesis... Mais ça peut être des groupes plus actuels comme Balthazar ou Warehouse. Et puis il y a des périodes avec Air ou de la musique classique. Je me suis connecté sur Spotify dernièrement donc je me fais des playlists. Et je réécoute la musique différemment, en retrouvant des choses comme Nina Simone, des trucs de jazz comme Stan Getz. Et trouver la musique en adéquation avec l'ambiance que je cherche.

La couleur m’amène à une musique très particulière. Je me souviens de moments où j'écoutais Dead Can Dance ou Peter Gabriel, auteur de la musique du film La Dernière Tentation du Christ, qui amène dans une ambiance…

Et il y a des moments où je veux le silence. Enfin, d’autres où je veux écouter des gens parler. Le silence, cela peut être quand j'ai besoin de me concentrer. C'est impossible d’écrire, de réfléchir sur l'écriture tout en écoutant de la musique. Mais ça peut être aussi des moments de fatigue après que la musique m’a accompagné pendant tout un temps. Je fais stop ! Et je me retrouve dans un calme qui me ramène à quelque chose de plus intuitif dans la création.

Olivier TaDuc : J'ai toujours travaillé en musique, mais où ça ne chante pas. Je suis friand de musique de films avec des ambiances différentes : pleines d'entrain ou plus calmes. Mais c'est plutôt de la musique classique ou de la musique de films. Le compositeur incontournable est Ennio Morricone, il a fait tout un tas de films. On connaît les plus célèbres, la trilogie du dollar, Le Bon, la Brute et le Truand, etc. Mais il y a aussi Il était une fois en Amérique, avec Sergio Leone, ils ont beaucoup travaillé ensemble. Morricone a fait aussi la musique de Mission et tout un tas de musiques différentes que j'aime beaucoup.

Il y a des films dont on n'apprécie pas forcément la qualité cinématographique, mais la bande sonore est parfois extra. J’écoute aussi des compositeurs comme John Williams, Basil Poledouris ou même Marco Beltrami parmi les plus récents.

En fonction de la phase de travail, comme le storyboard, c'est plutôt de silence dont j’ai besoin : je suis en pleine réflexion et c'est vrai que la musique peut me perturber dans ces moments-là. Il faut pouvoir avoir des plages de calme !

Sylvain Vallée : Essentiellement des musiques de films parce que ce sont les musiques les plus narratives ! Je les choisis évidemment en fonction de la séquence, de l'intention du scénario, du moment… Parfois j’ai besoin de quelque chose de très lyrique, parfois de très posé etc. Il y a plein de très bons compositeurs de musique de films, dont Morricone en premier, évidemment. Mais je pourrais en citer 50.

La question est : à quoi ça correspond ? J'écoutais beaucoup plus de rock, de hard-rock, de métal, avec Habemus Bastard parce que c'est quelque chose auquel on fait référence dans l'album ; et un peu de rap aussi, avec du Eminem, du Snoop Dogg… les plus connus ! Et c'est vrai que ça met dans une bulle, ça crée une énergie qui peut correspondre au travail du trait et parfois même à celui du découpage, qui est très intellectuel, pas du tout instinctif mais sur lequel il vaut mieux ne pas avoir de radio, de gens qui parlent. Avoir de la musique, cela te pose, tu n'écoutes pas, tu es vraiment concentré. C’est un truc que j’ai beaucoup fait pour mes deux derniers albums, parce que cela correspond à l’esprit pulp, punk, rock’n’roll du diptyque.

Vince : Oui je dessine en musique, mais il se trouve que je dessine dans un atelier avec d'autres personnes dont Stan. On a une espèce de banque de musique commune à tous. Donc il y a plein de choses que je n'écouterais pas forcément seul mais que j'écoute dans le cadre de cet atelier. C'est tous genres confondus. Ça va de Prokofiev à Depeche Mode en passant par du reggae, de l'électro, les Beatles, du vieux rock… il y a un peu de tout !


Le seul moment où il ne faut pas de musique, c'est quand il y a l'écriture de scénario, des histoires, des idées : on aurait plutôt tendance à être alors dans le silence. Enfin, en ce qui me concerne, quand j'ai besoin de concentration, le silence est quand même ce qui est le mieux ! Après, pour tout ce qui est phase de travail de dessin, le type de concentration est peut-être différente, c'est très agréable d'écouter de la musique à ce moment-là.

Yann Lovato : J’écoute de la musique en permanence, surtout du rock et des grands classiques du hard-rock. La musique est essentielle, c'est le silence qui me dérange : « j'entends » le silence et ça me perturbe pour travailler. Donc quand ce n’est pas la musique, c'est un film ou la télé, mais il faut que je sente la vie autour de moi pour pouvoir me concentrer. Je ne choisis pas la musique en fonction des types de dessins que je fais, mais en fonction de l'envie du moment. Choisir un morceau de musique, c'est quelque chose qui doit être instinctif et spontané. Il faut savoir se créer soi-même la surprise !

Il y avait la fonction Shuffle sur la vieille chaîne hifi : on mettait plusieurs CD et ça piochait au hasard les morceaux. Je trouvais ça assez sympa parce qu'il y avait l’effet de surprise. J'aime aussi écouter un album en entier, il y a un univers qui se met en place. Je pense aux grands classiques d’AC/DC, des Stones. En écoutant du début à la fin, il y a vraiment une atmosphère qui se met en place. Donc le rock, oui, vraiment, mais aussi les grands airs d'opéra dans lesquels je trouve qu’il y a cette énergie qui donne la pêche et l'émotion : Cela se retranscrit dans l'énergie qu'on va mettre dans l'intention du trait.

Au Cabaret Vert, quels concerts ?

Edith : Je suis allée voir PJ Harvey. J'étais trop contente de la voir ! Cela fait longtemps que j’ai ses disques, mais je ne l’avais jamais vue en concert.

Sylvain Vallée : Faire des découvertes, c'est vraiment l'avantage de festivals comme le Cabaret Vert, différents. Cela permet de découvrir des petits groupes. Il y a deux ans, j'étais là, ce n'était pas la même disposition mais j'avais déjà un peu pratiqué le festival et découvert un groupe de métal qui était très chouette, Wargasm, dont le nom m'avait attiré. Là, je profite, on va essayer de faire Chaka Ponk, Mass Hysteria… dans le désordre !

Olivier Grenson : Quand on dédicace, il y a des groupes qui passent qu'on ne peut pas voir mais j'avais repéré PJ Harvey que j'écoutais dans les années 90, et Les Libertines, avec Peter Doherty dont j'adore l’album solo, que j'avais acheté à l'époque. Puis j'ai découvert qu’il y a Fontaines D.C., Justice, Shaka Ponk… Même si mes goûts sont assez larges, je suis quand même toujours branché sur une musique qui part de l'influence de ce que j'ai connu dans les années 70 et 80.

Aurélien Morinière : J'étais content de voir PJ Harvey que j'avais vue en 1999. Même si je pense qu’ici ce n’est pas la configuration qui lui sied le mieux. Les petites salles sont mieux pour ce genre d’artiste. Je n’ai pas vu grand-chose d'autre en vrai pour le moment. J'ai envie d'aller voir Justice tout à l'heure, Vladimir Cauchemar et demain Korn. Déjà, ce sera bien si j'arrive à voir tout ça !

Éric Corbeyran : J’ai une phobie des foules donc je ne suis pas très partant pour les grands concerts en plein air. Ce n'est donc pas l’appât des concerts qui m'a fait choisir de venir au Cabaret Vert ! J’ai plutôt tendance à choisir des petites salles. Ce soir, mais on se mettra derrière, très très loin, je vais tenter de voir Korn qui est le seul groupe qui puisse, de près ou de loin, toucher un petit peu ma fibre métal, même si je n'écoute pas que ça chez moi. Je suis quand même en grande majorité de tendance métal dans mes goûts.


CabaretVert24

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