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Sauvage et belle rébellion

Huit ans après Ma vie de courgette, Claude Barras revient avec Sauvages, fable écologiste sans concession sur la survie du peuple Penan à Bornéo, toujours avec une grande humanité et sans aucune condescendance.

Après l’univers familier quoique gris et tristoune d’un orphelinat dans Ma vie de courgette, Claude Barras s’envole à des milliers de kilomètres de notre vieux continent pour poser ses valises sur l’île de Bornéo, théâtre de Sauvages, son nouveau film. Les premiers plans dévoilent les couleurs chaudes d’une jungle luxuriante et indomptable, regorgeant de vie. Pourtant, une compagnie forestière en veut à ses palmiers à huile et commence à tronçonner à tout va. Un bébé orang-
outang est alors recueilli par Kéria, la fille d’un employé. Au même moment, Selaï, son jeune cousin, vient se réfugier chez eux pour échapper au conflit destructeur opposant sa famille nomade aux déforesteurs…

L’idéalisme sans la candeur

À l’instar de Ma vie de courgette, Sauvages s’articule autour d’un contraste : entre le formalisme naïf un peu « maison de poupées », marqué par une stylisation prononcée de son environnement ainsi que de ses protagonistes, et la gravité des thèmes abordés. Sauvages démarre réellement lorsque Kéria et Selaï, suite à une dispute, se perdent dans l’immense forêt. À partir d’un archétype scénaristique « rat des villes contre rat des champs », Claude Barras parle bien évidemment de prise de conscience d’une catastrophe écologique en gestation, mais aussi d’un besoin de retrouver ses racines à travers la menace de disparition de la culture du peuple nomade Penan.


Toute la beauté de Sauvages consiste à aborder tous ces thèmes avec toujours une justesse propre à séduire les plus jeunes et leurs parents parce qu’il ne tombe jamais dans le piège de la naïveté teintée de condescendance. Chez Barras, la Nature est notre bien le plus précieux, mais elle n’est pas des plus amicales. De même, la lutte pour sa préservation ne passera certainement pas des actions consensuelles pour vaincre les agents de la cupidité ; ces vrais « sauvages » peuplant notre monde présent ayant oublié que nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.

Article publié dans le Mag ZOO N°100 Septembre-Octobre 2024

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