Un vendredi sur deux, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section Comics , découvrez la planche #39 : La planche de la semaine : The Little King d'Otto Soglow

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier
Américain de naissance, Otto Soglow (1900-1975) s’est d’abord rêvé acteur. Après quelques infructueuses tentatives, il s’est tourné vers le dessin de presse, après avoir suivi quelques cours académiques. Sa carrière connaît rapidement le succès puisqu’il est publié dans Life, Collier’s, Judge et The New Yorker, dont il est, dans les années 1920, un des dessinateurs attitrés. Il introduit bientôt dans ses gags un personnage de roi petit, moustachu et rondouillard, qui devient, au début des années 1930, le héros de nombreux gags la plupart du temps muets. La notoriété de ce Petit roi (Little King en v.o.) attire l’attention de Randolph Hearst, patron du King Features Syndicate qui, avantageux contrat à l’appui, convainc Soglow de publier dans la presse quotidienne. Soglow doit attendre 1934 pour quitter The New Yorker.
La bande fonctionne sur le décalage comique entre la noblesse affichée de la fonction et la manière dont le monarque l’occupe : maladroit, distrait, comme on peut le voir dans la planche possédée par le musée de la Bande dessinée, il est bien peu protocolaire !
La simplicité graphique de Soglow dérouta d’abord les lecteurs, mais devint le signe distinctif de la série, tout comme la rareté, voire l’absence des dialogues. On peut penser que le laconisme de la série a favorisé son exportation. Le Petit roi est un classique mondial de la bande dessinée, publiée en France chez Gallimard et dans Paris-Match.
Adapté en dessin animé dans les années 1930 par The Van Buren Studio puis les frères Fleischer, Le Petit roi est dessiné jusqu’en 1975, année du décès de son créateur. Personne ne l’a repris depuis.
Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud
Ce qui marque, au premier abord, le lecteur c’est l’économie de moyen dont fait preuve Soglow dans cette planche. Tout est épuré presque à l’extrême, réduisant les formes à des lignes, la dynamique à un simple enchaînement de cases et l’intrigue à une idée unique. On peut juste penser que finalement, ça ne va pas beaucoup plus loin, mais ces deux strips s’inscrivent aussi dans une tradition d’un gag par jour qui n’a pas, pour autant, l’ambition de marquer les esprits plus que ça.
Toutefois, l’ensemble fonctionne assez bien, la narration est fluide, les formes rondes qui accentuent les mouvements et le côté presque parodique des attitudes fait d’emblée sourire.
Se dessine alors devant nous une école graphique qui ne s’empêtre pas dans un réalisme inutile, ni des détails qui n’apporteraient rien de plus au propos. L’univers de Soglow se rapproche presque du nonsense, par leur simplicité et l’incongruité de cet humour de situation qui s’équilibre sur la dernière case, sans parole.

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