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Rêveurs lunaires, l'art de la science

Quand deux génies se rencontrent

Pourquoi avoir fait le choix de vous mettre en scène durant vos échanges ?

Edmond Baudoin : Il y avait des moments où je ne comprenais pas ce qui était dit, en tout cas je n’avais pas toutes les informations. Le public que j’étais posait des questions à Cédric pour savoir. Il fallait que le lien soit évident entre 1940,50, 60 et aujourd’hui car il y a un prolongement. Les scientifiques aujourd’hui sont en proie aux mêmes questionnements avec leur administration ou les gouvernements.



Pensiez-vous un jour allier votre art aux sciences ?

Edmond Baudoin : Je suis un gamin de mon village. Là où j’étais : pas d’études, pas le milieu et pourtant j’ai fait un livre avec le Clézio, avec l’Abbé Pierre et j’ai été professeur trois ans dans une université du Québec. Et là je me dis « bon sang où m’amène le dessin ? » Je vais rencontrer cet homme-là [Cédric Villani] et c’est aussi énorme que de faire des conférences en Chine. Voilà un nouveau voyage. Le dessin m’a fait déjà tellement de cadeaux. Chaque rencontre est un voyage. Faire des livres est l’une des expériences les plus extraordinaires que l’on puisse vivre.

On sent une véritable symbiose entre le propos et le dessin. C’est un livre écrit à deux ?

Cédric Villani : Ca a été une relation très forte pendant 18 mois : on s’est écrit tous les jours. Edmond m’envoyait une page et je lui répondais en lui disant de changer un petit détail dans le texte ou l’expression d’un personnage. Il aime bien raconter qu’une fois je lui ai fait reprendre la face de la lune car le 6 aout 1945, elle était descendante et non pas montante !

Il y a des pages sur lesquelles on a beaucoup travaillé. Intégrer des données mathématiques exactes tout en ayant une composition qui se tient c’est un vrai gros boulot.

Est-ce que ça été difficile pour vous de retranscrire ces passages et données très scientifiques ?

Edmond Baudoin : Les formules mathématiques je les ai écrites en m’appliquant mais ça ne veut pas dire que maintenant je sais ce qu’elles veulent dire. J’ai fait comme un dessinateur qui recopie les branches d’un arbre le mieux possible. La contrainte est très importante, car toujours enrichissante puisqu’on est toujours obligé d’aller chercher plus loin.

Comment avez-vous travaillé graphiquement sur ces différentes histoires ?

Cédric Villani : Edmond a travaillé avec quatre techniques de dessin différentes en fonction des ambiances.

Edmond Baudoin : Ces techniques étaient en fonction de comment je ressentais chaque personnalité, le moment ou l’ambiance de travail dans laquelle ces gens étaient.


Pourquoi avoir choisi le format de la bande dessinée ?

Cédric Villani : C’est un moyen de rajouter à l’ambiance et d’évoquer les choses. Un portrait bien fait peut dire énormément. Ce n’est pas une question de simplification mais au contraire d’enrichissement.

Edmond Baudoin : Cédric Villani est un militant des mathématiques qui fait tout ce qu’il peut pour que les maths soient reconnues et qu’il y ait un regard autre posé sur le monde scientifique. D’ailleurs les maths sont plus que jamais partout.

Aimeriez-vous collaborer à nouveau ?

Cédric Villani : C’est dans les cartons !


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