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Mikl Mayer, pour un monde plus tolérant

Mikl Mayer a affiché en BD son soutien aux couples gays lors du débat du Mariage pour tous : sa série Mes Papas et moi est née sur Facebook. Elle met en scène la vie d’une famille homoparentale et a eu un tel succès que l’on peut la lire désormais dans un premier album, financé sur Ulule. Repéré sur cette plateforme pour culturebd, Mikl Mayer ne compte pas s’arrêter en si bon chemin !

Naissance d’un beau projet

Comment es-tu venu à la bande dessinée ?

Mikl Mayer : Grâce aux Disney, dont les dessins et les histoires me plaisaient beaucoup. La bande dessinée a été le moyen de faire un dessin animé à ma façon !

Les D'jeunes T.3
Quel est ton parcours ?

J’ai commencé à faire du dessin à l’âge de cinq ans. La BD est venue naturellement, pour exorciser certaines choses et en rire surtout. Ma première BD date de en 2003 et elle est toujours dans mon placard... Puis j’ai publié mon premier album, Les D’jeunes, à compte d’auteur en 2009.

Pourquoi s’auto-publier ?

Un journal a parlé de moi et on a commencé à s’intéresser à mon travail : alors pourquoi pas publier un album ? J’ai commencé à réaliser Les D’jeunes avec l’association Mogambo, qui en a publié une version en noir et blanc pour quelques festivals. J’ai ensuite repris la publication couleur en tant qu’auto-entrepreneur et l’ai gérée seul du début à la fin.

Comment est né le projet Mes Papas et moi ?

Je tiens à remercier Christine Boutin, que je méprise sincèrement, mais c’est grâce à elle que ces personnages sont nés ! Mes Papas et moi est une sorte de réponse pour dire que j’étais pour le mariage et l’adoption. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à être parent quand on est gay. Andreas Deja, [animateur star de personnages Disney N.D.L.R.] a évoqué dans une interview la possibilité d’avoir un couple gay dans un Disney. Je me suis dis si Disney se sent capable de le faire, pourquoi pas moi ?

Amanda Lear

Un strip avec Amanda Lear

Les publications sur Facebook ont très bien marché, ce qui a attiré l’œil d’un éditeur. Malgré ce petit succès, ça m’a tout de même surpris qu’Amanda Lear ait tout de suite accepté d’apparaître dans la BD ainsi qu’Arielle Dombasle, que j’ai rencontrée !


Comment se passe la collaboration avec ces personnalités ?

Je les contacte pour demander leur accord de figurer dans l’album. Je ne veux pas reprendre le nom de quelqu’un ou le caricaturer sans qu’il le veuille. Dessiner des personnalités m’amuse et ancre mes personnages dans le monde réel, puisqu’ils fréquentent des personnes que l’on connait.

Un strip avecAmanda Lear

Un strip avec Amanda Lear

En ce moment j’essaie d’avoir Jean-Paul Gaultier ! Je fais attention à qui je propose mes projets. Mes Papas et moi est centré sur l’homoparentalité donc j’essaie de contacter des personnes qui sont en rapport avec ce thème.

La famille au complet !
Comment sont nés les personnages de Mes Papas et moi ?

Je voulais un couple avec des personnages complètement opposés pour qu’un maximum de personnes se reconnaissent dans ce couple. Florian c’est le mec musclé qui ne réfléchit pas forcément et a eu un passé très difficile. Pour Tristan, je voulais quelqu’un pas trop sûr de lui, maladroit et devant faire face à l’homophobie.

Zack était d’abord un petit garçon banal puis sa façon de parler est venue grâce aux commentaires des lecteurs. J’essaie de ne pas bloquer mes personnages dans le temps : l’âge de Zack varie en fonction des situations.

As-tu tendance à mettre de toi dans tes albums ?

On met automatiquement de soi dans un travail, même quand on ne le veut pas ! Dans Mes Papas et moi, les trois personnages ont un peu de moi. Tristan pour la maladresse, Florian pour le côté un peu bête et accro à la muscu même s’il est beaucoup plus musclé que moi ! Et Zack m’amuse beaucoup avec son côté provocateur : je peux dire plein de choses à travers lui. Etrangement, au départ, je ne me sentais pas très proche de ces personnages et maintenant c’est un peu comme ma famille même si je ne sais pas vraiment m’y situer.

Mikl Mayer et ses personnages

Mikl Mayer et ses personnages

La bande dessinée pour s’engager

Affiche pour le 17 mai

Affiche pour le 17 mai

Tu as commencé à publier la série sur Facebook. Comment gère-t-on les critiques sur les réseaux sociaux avec un sujet en proie à la polémique ?

Je lis le plus souvent de bons retours, je passe vite sur les mauvais sauf quand il y a des explications. Il faut savoir faire abstraction des mauvaises critiques.

Que des couples gays se reconnaissent dans ma BD me flatte car je suis célibataire sans enfants, donc j’ai dû imaginer entièrement cette situation ! Je n’ai eu que des retours positifs. Mais comme la publication s’est faite sur ma page facebook, Têtu et Yagg, le public était déjà concerné et réceptif. Maintenant j’aimerais bien sortir de ce public et voir les autres commentaires, car je voudrais aider à changer les mentalités sur l’homoparentalité.

C’est primordial pour toi de faire passer un message ?

C’est très important : l’art est fait pour faire réfléchir.

Comment t’es venue l’idée du tueur en série ?

Le personnage du maquilleur est inspiré d’un tueur en série réel qui a sévi entre septembre 75 et janvier 76 à San Francisco. Il avait enlevé plusieurs gays, pour les tuer puis les maquiller. Malgré ce côté sombre, cette BD est comique avant tout : j’aborde des thèmes très durs mais j’essaye de rire de tout. On est Charlie ou on ne l’est pas !

Le Tueur en série de Mes papas avant avant moi

Une victime du Tueur en série de Mes papas avant moi

Pourquoi avoir voulu raconter Mes Papas avant moi ?

Dans Mes Papas et moi, le passé des papas revient souvent donc je trouvais important d’expliquer certains épisodes. Je peux ainsi montrer leur évolution, comment ils se sont rencontrés, mis en couple, aimés... J’espère que cet « avant » offre un plus aux lecteurs, montrant que les personnages ne sont pas caricaturaux. Ils ont une histoire, un passé et des fêlures. Mes Papas avant moi devrait se faire en deux albums, avec beaucoup d’inédits, mais il reste à convaincre les maisons d’édition.

Essai pour Manu Dibango

Recherche pour Manu Dibango

Tu as aussi un projet autour de Manu Dibango, le célèbre musicien camerounais...

C’est mon plus gros projet ! Il a fallu réécrire son histoire, faire des recherches sur le Cameroun, sur le voyage qu’il a fait etc. J’ai fait beaucoup de recherches graphiques, car je ne voulais pas que le dessin soit le même que sur mes précédentes séries.

Il m’a fallu réinventer le personnage, lui recréer une personnalité. Sans compter la difficulté de parler de musique en bande dessinée. Au-delà de l’artiste qu’est Manu Dibango, j’ai trouvé un grand intérêt à raconter la relation qu’il avait avec son père. Un nouveau défi que j’espère pouvoir montrer bientôt !

Quels sont tes autres projets ?

J’ai bossé sur une affiche pour le 17 mai contre l’homophobie, liée à Mes Papas avant moi. C’est très important pour moi de parler de tous ces jeunes qui mettent fin à leurs jours parce qu’ils ne sont pas acceptés comme ils sont.

Et je travaille aussi sur une nouvelle bande dessinée En caisse ! qui raconte le quotidien d’une équipe d’employés de supermarché. Je prépare aussi un hors-série de Mes Papas et moi qui devrait surprendre !

Et qu’en est-il de la suite de Mes Papas et moi ?

La suite, je ne vais pas l’écrire tout seul !

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Commentaire (1)

Superbe rencontre / interview de Maylis et Mikl. Thx pour ce partage de l'acceptation de l'autre.

Le 22/05/2016 à 01h14