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Clément Oubrerie : « Qui suis-je ? Ça dépend des jours »

Et si Clément Oubrerie était un artiste (presque) parfait ? Auteur de BD, réalisateur, illustrateur, producteur de films d’animation, il a reçu en 2017 le Grand Prix de l’Affiche à Quai des Bulles à Saint-Malo. L’auteur signe à la rentrée le mystérieux Cyberfatale et le début des aventures de Renée Stone, avec Julie Birmant, dans Meurtre en Abyssinie. Pleins feux sur un Oubrerie discret, passionné et surtout sincère.

Clément Oubrerie a bien commencé sa vie d’auteur de BD. Après deux ans passés aux USA à illustrer des albums, il crée en 2005 avec Marguerite Abouet une série qui va devenir un vrai succès, Aya de Yopougon, qu’ils transposent ensemble en un long métrage animé. Des biopics inspirés (Pablo Picasso, Isadora Duncan, Voltaire amoureux...) à l’adaptation BD des Royaumes du Nord avec Stéphane Melchior en passant par des projets de films mais qui est vraiment Clément Oubrerie ?

« Je répondrai que ça dépend des jours. Ces derniers temps, je suis dans la BD. C’est ce qui m’amuse et m’occupe totalement. Je suis auteur et dessinateur de BD. Donc très facile à définir même si j’ai fait pas mal de métiers avant. Je ne le regrette pas ! » Droit dans ses bottes, Clément Oubrerie. Il a été récompensé à Saint-Malo en 2017 ce qui lui vaut de signer l’affiche de l’édition 2018 pour laquelle il prépare aussi une exposition. Est-il important pour lui d’être primé ? « Ce qui est important c’est la survie. Et tout ce qui aide à la survie est vital. Les prix ça aide, ça fait vendre des livres dans les librairies. » Une marque de réussite alors ? « On n’a jamais réussi. Chaque fois que je termine un projet, j’ai l’impression qu’il faudrait tout refaire. » Il est prudent, précis, Clément Oubrerie et sait ce qu’il veut. La preuve, son affiche pour Quai des Bulles, une envolée lyrique avec une femme corsaire sur un fond de voile de galion : « Je conçois une affiche comme une tache sur un fond contrasté, très simple. Je ne suis pas partisan des affiches de BD surchargées de personnages. »

L’exposition que prépare Oubrerie pour Saint-Malo, c’est « une sorte de rétrospective de projets différents, des dessins divers en forme de melting-pot. J’ai proposé qu’on fasse aussi, avec des copains musiciens de jazz, un concert dessiné sur le thème des années 30, époque où se passe Meurtre en Abyssinie, un de mes nouveaux albums qui sort à la rentrée. »

Cyberfatale, Cépanou juré !

Il sera très occupé dans la cité malouine, Clément Oubrerie. D’autant qu’en plus d’un rôle officiel, il a une actualité chargée en albums. « Je serai à Saint-Malo, un festival que j’adore, du début à la fin. Renée Stone, Meurtre en Abyssinie sera déjà sorti. Le second album, Cyberfatale sera en exclusivité à Quai des Bulles ». Mais avec Cyberfatale, exit les années 30, bienvenue dans le monde des cyberattaques, qui peuvent décapiter l’économie ou la défense d’un État via des assauts informatiques. Dans Cyberfatale, on fait plus que flirter avec la réalité comme le précise Oubrerie : « Les situations décrites sont effectivement réelles. Le traitement graphique est léger avec une dose d’humour un peu burlesque. À la Pétillon, qui rend des situations modernes loufoques. »

Dans l’album dessiné par Oubrerie, tout commence dans la bonne humeur. Le président de la République apparait en slip kangourou sur les écrans et on croit à une plaisanterie. Sauf que, précise le dessinateur, « dans une cyberattaque, il y a toujours plusieurs étapes et ça commence par une sorte de gag qui annonce la vraie attaque. Pour tenter de désamorcer tout ça, l’Élysée va inviter un journaliste à faire un reportage à la demande de la Présidence sur le sujet. Il se retrouve en pleine pagaille. Mais je ne peux pas en dire plus… » On n’en saura pas non plus d’avantage sur les scénaristes qui signent sous le pseudo de Cépanou. En cherchant un peu, on apprend que Julie Birmant ferait partie du trio. Elle en parlait dans Ouest France en février dernier. Un peu embêté, Clément : « Cépanou, c’est bien un trio d’auteurs dont l’identité sera révélée ultérieurement s’ils le peuvent et le veulent pour des raisons de sécurité. Si Julie a en parlé... c’est qu’elle en fait partie. Mais, pour elle, ce n’est pas dangereux ».

Un album codé

L’embargo est total mais il semble bien qu’il y ait dans le trio de Cépanou, un spécialiste de la cyberdéfense proche de l’amiral en charge du sujet au niveau national. Dans l’album, un jeune lieutenant, Aurore, va être affecté à ce service et être le cornac du journaliste à qui il va être urgent de cacher la vérité. Des dossiers brûlants dévoilés par une comédie qui, en prime, cache un petit secret confie Clément Oubrerie : « Cyberfatale sera aussi un album codé, avec quelque chose à trouver. Il y aura des éléments que certains ne verront pas. Sauf des hackers peut-être. »

Pour Cyberfatale comme Renée Stone, on est dans des séries au long cours. Clément Oubrerie a donc à gérer trois thèmes en même temps dont son Voltaire amoureux, son fils chéri « tout à lui » comme il dit, dont le prochain tome sortira début 2019. Plus en prime la suite des Royaumes du Nord. Mais avant Saint-Malo, il sera en Corée du Sud où il ira recevoir un prix pour Pablo au festival de Bucheon. Alors, parfait Clément Oubrerie ? Comblé sûrement.

Article publié dans le magazine Zoo n°67 Septembre - Octobre 2018

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