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Découverte de Pascal Mériaux, le créateur des éditions La Gouttière


Les éditions de la Gouttière fête leurs 12 ans cette année! La maison d’édition de bandes-dessinées jeunesses est l’une des premières à avoir proposé des BD muettes pour les enfants. Pascal Mériaux, créateur et directeur éditorial des éditions de la Gouttière, revient sur l’histoire de cette maison qui compte près de 90 titres aujourd’hui.

Pourquoi avoir choisi ce nom, la Gouttière?

La source de ce nom vient du livre L’art Invisible de Scott McCloud. Dans notre maison d’édition, on utilise beaucoup sa théorie expliquant que les anglo-saxons ont un nom pour les espaces blancs entre les images appelé « gutter », qui signifie caniveau. Et j’ai donc préféré appeler les éditions la Gouttière plutôt que « Le Caniveau »… J’aimais l’idée que le lecteur soit fabriquant de cette zone, la plus importante en bande dessinée.



Pascal Mériaux a participé à la création des éditions de la Gouttière en 2009

Pascal Mériaux a participé à la création des éditions de la Gouttière en 2009
© La Gouttière



Pouvez-vous nous raconter la création de la Gouttière?

Au départ, nous sommes une association qui organise le festival de la bande dessinée d’Amiens. Nous sommes également un centre de ressources, un service éducatif et une entité qui se spécialise dans la jeunesse à travers des expositions interactives. En 2003, on décide de devenir une structure qui fabrique, en plus d’inviter. En 2009, date de création de la Gouttière, on lance une structure qu’on voulait expérimentale, à travers laquelle on ne publierai qu’une BD par an. Et chaque BD devait être entourée par une exposition ou une fiche pédagogique pour les enseignants.

Quel est votre conception de la BD jeunesse ?

Je pense d’abord qu’on a cette fibre qui nous vient de la médiation culturelle, du festival. Les livres qu’on a envie de porter sont ceux qu’on trouve nulle part ailleurs. Pour les BD muettes, nous étions persuadés qu’elles avaient leur place mais que le marché n’était pas encore prêt à les accueillir. Il s’agissait donc d’une conviction militante: il faut des bandes dessinée muettes de qualité variée.
Nous étions également convaincu qu’il ne faut pas s’en tenir au primo-lecteur. Il ne faut pas respecter le « 7 à 77 ans » pour s’autoriser à lire des BD, y compris en autonomie. Nous voulions proposer des livres passerelles. Nous avons cette envie de faire passer le chemin de l’album illustré vers les premières narrations en bande dessinée. Les séries Trappeurs de rien, L’Emouvantail ou encore Sous les arbres essaient d’accompagner le lecteur lors de son parcours de lecture.



Les tomes 1 de trois séries de la Gouttière

Les tomes 1 de trois séries de la Gouttière
© La Gouttière




Vous avez été l’un des premiers à croire en la BD muette en France?

Oui même si Dupuis avait eu cette intuition en 2006 en créant une collection dédiée aux BD muettes. Et à l’époque, beaucoup pensaient qu’un enfant de 3 ans ne pousserait jamais la porte d’une librairie pour choisir sa propre BD. Mais nous nous étions dit qu’en nous installant dans la durée, on pourrait créer des envies et des habitudes pour les lecteurs. Et cela représente un réel challenge car c’est compliqué de trouver des concepts innovants sans le support du texte.


Quel est le type de bandes dessinées que publient vos éditions?

On propose un contenu assez varié. On peut publier du super-héros avec Les Supers, du polar sociétal avec Philippine Lomar, du fantastique avec Sixtine… On a pas vraiment de ligne éditoriale définie. Nous avons un fonctionnement assez collégiale. L’important est d’avoir une sorte de vibration partagée entre le comité de lecture, les éditrices et moi.


Favorisez-vous plus les séries plutôt que les one-shots?

Nous n’avons pas vraiment de dogme sur la question mais c’est vrai qu’on a démarré dans une logique purement one-shot quand nous avons commencé. Mais on s’est vite aperçu de la difficulté à faire vivre des one-shot car ils n’ont pas de deuxième chance…
Des séries comme Anuki ou Myrmidon nous ont convaincu qu’il était possible d’installer un projet sur la durée grâce aux séries. Le premier Anuki était un one-shot qu’on a pris comme une chouette bande dessinée muette mettant en scène un petit indien… Très rapidement, on s’est entretenu avec les auteurs et on a compris que ce titre avait un potentiel pour porter d’autres récits.


Visez-vous un lectorat précis, les enfants?

Alors on a des bandes-dessinées, comme Sous les arbres, que l’on croit formatées pour des enfants de 6 ou 7 ans alors qu’elles sont achetées par des adultes. On a aussi des BD comme Anuki , de la BD muette de 32 ou 40 pages, qui ont démarré quand les enfants avaient 4 ans et qui sont maintenant achetées par des adolescents. Il est vrai qu’on vise l’accessibilité de nos livres à l’enfance. Et si un livre jeunesse est réussi, c’est un livre qui peut être tout public.

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