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Félix Meynet, un bédéaste amoureux de sa montagne natale

Avec pas moins de 7 séries à son actif, Félix Meynet a su se faire un nom dans le monde de la BD. Cet amoureux de la montagne se confie sur son rapport avec le septième art et sur sa région, la Haute Savoie, qui occupe une place importante dans son coeur et sur ses planches. 


Comment avez-vous commencé à dessiner? 


Félix Meynet: J’ai toujours caressé l’envie de faire de la bande-dessinée depuis mes années lycées. A l’âge de 30 ans, j’ai rencontré André Juillard en dédicace. Suite à cette rencontre, je suis allé le rencontrer chez lui à Paris pour lui montrer un projet BD. Et cette histoire, que j’ai proposée à Glénat, a été publiée dans leur magazine Circus. Juillard m’avait beaucoup conseillé et je lui en suis immensément redevable.
Et avant de faire du dessin, j’étais moniteur de ski. J’ai un brevet sportif. Et parallèlement à ces activités, j’apprenais le dessin par moi-même. J’ai d’abord commencé par faire des snowboards pour des copains que je personnalisais à l’époque. 


 Votre expérience de moniteur de ski vous a t-elle servi dans la BD? 

F.M: Ma première série, qui a été publiée par Dargaud, s’appelle Double M et raconte l’histoire d’un moniteur de ski qui rencontre une journaliste parisienne dans les années 60. C’est un peu le choc des cultures que j’avais justement ressenti lorsque je suis venu vivre à Paris quand j’étais petit.
J’avais envie de montrer cette fausse naïveté que pouvait avoir les personnes de la montagne face au regard un peu plus pointu des parisiens. Je naviguais complètement entre ces deux univers quand j’étais gamin.
Et surtout, je vis dans une vallée un peu reculée où il y a une montagne magnifique: Le Roc d’enfer. J’étais très fier de la dessiner sur la couverture de mon premier album et encore plus quand je l’ai vu à la Fnac de Paris! 


Pouvez-vous nous parler de votre série  Fanfoué des Pnottas qui se passe aussi à la montagne? 

F.MJe voulais faire de la bande dessinée qui apparaisse dans la presse locale de chez moi, en Haute Savoie. J’ai pu publié ce personnage de grand-père qui ne dit pas « C’était mieux avant » mais plutôt « Ça va être vachement bien demain ». Il est ouvert à tout ce qui peut venir de l’extérieur de la vallée. Les gens de ma vallée se sont appropriés le personnage et j’en suis très fier. 

Dans cette série, nous pouvons voir les personnages du grand-père ou de randonneuses dessinées façon Pin-up. Quel est votre secret pour retranscrire ce type de personnage? 

F.M: Quand j’étais petit, je voyais justement plein de grand-pères dans la station qui avait cette espèce de connivence, sans être graveleux, avec les touristes femmes. Il y avait une sorte de complicité qui s’installait et cela m’intriguait jusqu’au jour où j’ai retrouvé cela dans Astérix avec Canonix. Ce personnage est l’époux d’une femme assez impressionnante et beaucoup plus jeune que lui.
C’est pour ça que j’ai créé ce papi qui est ouvert d’esprit, il est certes coquin et un peu chenapan mais il reste quelqu’un qui est heureux de partager des choses avec les gens venant d’ailleurs. 






Comment définissez vous votre rapport à l'image? 

F.ML’image est un support qui m’a toujours touché dans le sens où j’ai beaucoup de souvenirs d’interprétations du monde à travers la bande dessinée. Quand j’étais gamin, j’essayais de voir le monde à travers la BD. Je pense que l’image m’a toujours plus frappé que le mot dans un premier temps. L’image représente une fenêtre sur un monde. Et cela sous-tend à ce que j’essaie de faire: proposer un univers et voir si les gens y adhèrent ou non. 


Pour vous, quel est le secret d'une planche réussi? 

F.M: Le secret d’une planche n’est pas lorsqu’elle est terminée. C’est lorsqu’on la voit quelques temps après, une fois qu’elle est publiée. Je vais être agréablement confronté à ce que j’ai fait. Au fond de moi, j’aurai une. Certaine fierté d’avoir réussi ce travail. 


Existe t-il un genre de BD que vous appréciez dessiner en particulier? Pourquoi?

F.M: Ma génération appartient au western. Et c’est un genre qui connaît une sorte de « revival » car il s’agit d’un support mythologique. On peut évoquer tous les mythes de l'humanité à travers le western. C’est un genre qui prend place dans des lieux nouveaux et inédits pour l’Homme. Le western reste quelque chose de difficile à faire, je pense notamment aux chevaux! Mais ça reste un support de rêve, comme la science-fiction. Il y a des codes que l’on peut détourner. C’est toujours plaisant d’avoir des contraintes sur lesquelles on peut jouer. 


 Quel lien entretenez-vous avec le western? 

F.M: Pour ceux qui avaient la télé, à l’époque de ma génération, ils pouvaient voir des western le dimanche soir. Je trouvais que l’univers était complètement bouleversant. Et sans avoir conscience des mythes, on les intègre quand même.
Dans le fond, le western appartient à la culture populaire, celle qui touche les enfants. Ce qui nous touche en étant plus jeune, on a tendance à le garder dans un coin de notre coeur car c’est une chose qui a été source de rêve par le passé.
Je considère le western comme le porteur de quelque chose de très grand. Chaque fois que j’ai pu me rendre aux Etats-Unis, je réalisais que le ciel est grand, très grand. Les plaines du centre des Etats-Unis représentent une mer immense de plusieurs milliers de kilomètres. Quand je pense qu’à l’époque, des hommes traversaient ces lieux à pied, avec des charriots… Certains traversaient l’océan, perdaient leur famille et s’attachaient à un bout de terre là-bas. Il y a une vraie lecture qui se fait à travers la géographie et les paysages. Et forcément, ça participe au rêve généré par le western. 

Les paysages du western occupent une place importante pour vous? 

F.M: Oui complètement! Une fois, je travaillais sur un projet BD qui se déroulait dans les montagnes du Wyoming. Je rêvais de m’y rendre. Et lorsque je me suis rendu sur le lieu de mon histoire, j’ai ressenti une sorte de vertige. Il y avait une sorte de ciel bas, très sombre et une ambiance dramatique émanait de ce paysage. Une vraie décharge électrique. J’étais transcendé. L’histoire que l’on imagine peut devenir réelle car elle peut être vécue en tant qu’émotion. C’est en me rendant là-bas que je l’ai réalisé. 



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