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Impact : un polar écolo sans concession d'Olivier Norek et Frédéric Pontarolo

Adapté du livre éponyme, Impact conte la guerre menée par un ancien militaire, Virgil Solal contre notre monde de pollueurs. Son combat – violent - est avant tout un appel à réagir. Rencontre avec le romancier Olivier Norek et le dessinateur Frédéric Pontarolo, pour un double impact.

Parlons d’abord de votre rencontre et de votre volonté d’adapter Impact en BD.

Olivier Norek: Cela faisait longtemps que je cherchais un dessinateur... Je voulais un trait particulier que je ne parvenais pas à décrire. Il fallait en fait que je tombe sur le bon dessin. Je connaissais le travail de Fred à travers 1984 et deux Roméo sous un arbre. Il a eu la gentillesse de me proposer des planches et j’ai adoré son style, sa manière de raconter des histoires. Du coup, on a travaillé ensemble pendant deux ans.

L’adaptation en BD d’un roman est toujours délicate, car l’auteur a imaginé ses personnages parfois différemment du dessinateur. Comment avez-vous vécu la mise en dessin de votre roman ?

O.N : C’est toute la force d’un livre. Chaque lecteur devient son propre réalisateur, son propre dessinateur… Dans un roman, le lecteur doit imaginer la maison où l’histoire se passe, le visage du héros, la tête de l’héroïne, celle du vilain… Pour se faire, il doit piocher dans sa propre banque d’images personnelles. Le livre lui appartient alors. Nous pourrions avoir tous les trois L’attrape-cœurs de Sallinger dans notre bibliothèque et pourtant nous aurions tous trois, trois livres différents avec la même histoire néanmoins. Je n’attends pas spécialement qu’un réalisateur de cinéma, de télévision ou qu’un dessinateur de BD entre dans ma tête pour savoir comment j’imagine Solal ou Modis[1]… J’attends qu’il partage sa vision de ces personnages. On dit souvent « adapter, c’est trahir »… En fait non ! Adapter, c’est proposer une voie différente.

« On dit souvent « adapter, c’est trahir »… En fait non ! Adapter, c’est proposer une voie différente. »

Les messages que je veux passer sont dans mon roman. La personne qui va mettre mon roman en dessin doit avoir sa propre patte. Voir naître ses personnages est une surprise. Au début, ce n’est que de l’encre couchée sur du papier, mais comme chaque lecteur de la BD, j’assiste à la naissance de mes personnages. Ils prennent finalement corps. Je l’ai vécu avec une bande-dessinée, et je le vis désormais d’adaptation télé. Mon livre Surface est en train d’être adapté en série pour France 2. Quand j’ai découvert le nom de l’acteur et le nom de l’actrice, j’ai été étonné tout d’abord. Ce choix est le fruit de l’imagination du réalisateur. Une fois les personnages incarnés, les décors posés, je pourrais éventuellement intervenir pour partager ma vision, pour dire que je voyais les choses un petit peu comme cela, ou un peu plus comme ceci. En tout cas, je ne vais pas me projeter. Je ferai finalement comme tout le monde, prendre un paquet de pop-corn et regarder le résultat devant mon petit écran. De même pour la BD, je ne m’attends pas à ce que le dessinateur sonde l’intérieur de mon cerveau pour me sortir l’image que j’avais de Virgil Solal.

Comment adapte-t-on un roman en BD, en particulier au niveau des personnages qu’il faut représenter graphiquement ?

Frédéric Pontarolo: Dans le roman, les personnages me sont apparus assez facilement à la lecture. Par exemple, Diane Meyer[2] m’évoquait tout d’abord Carrie Mathison, l’héroïne affublée d’un tas de pathologie de la série Homeland. J’avais en tête cette actrice blonde, aux cheveux longs. J’étais gêné car je ne voulais pas reprendre ce personnage. J’ai cherché d’autres idées, d’autres actrices car j’aime m’inspirer de modèles. Diane a ainsi des cheveux courts… De même, Virgil Solal[3] me faisait penser à Vincent Cassel.

Le personnage ne lui ressemble finalement pas mais j’avais vraiment cette idée de dessiner ce genre de visage un peu dur, un peu carré. Il y a aussi une part de hasard. On se laisse aller, on dessine sans réfléchir et parfois, il apparaît quelque chose qui semble intéressant. On repart de cette idée et on construit au fur et à mesure… Il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu. Je dessine souvent des personnages qui se ressemblent. Je suis un peu comme ces réalisateurs qui reprennent des acteurs qu’ils apprécient. Ils ont la même gueule mais incarnent des rôles différents. En fait, je suis plus à l’aise avec certains types de physiques, de caractères.

Dès la première scène au Nigéria, vous donnez le ton avec un charnier de victimes de la pollution causée par les pétroliers…

O.N : Cette partie au Nigéria est importante. J’aime le sens du détail de Fred[4]. Il a dessiné un charnier dans toute son horreur ! Les mouches débordent même du cadre et se posent sur le bord de la page... Si vous regardez bien cette scène, il y a aussi des petits messages à travers les dessins qui doivent amener à réfléchir. Un enfant mort parmi les cadavres porte un tee-shirt avec le nom de Beckham. Tout un symbole de la folie de notre monde ! On pompe leur énergie. On les pollue. On sacrifie leur vie et leur santé. On apporte le pire de l’occident et du capitalisme ! Notre société vampirise la planète.

« Vous ne remarquerez qu’aujourd’hui plus personne ne parle plus d’écologie, dix ans après les accords de Paris… On ne fait plus rien ! »

Pourtant ce gamin rêvait de notre mode de vie, un miroir aux alouettes plutôt… Pour moi, ce détail signifie beaucoup. L’impact est là, sur les autres, sur la Terre, dans notre consommation, dans notre vie quotidienne, dans Virgil Solal qui décide de tuer un patron pollueur... Impact a un « titre architecture », qui construit tout le roman. J’aime d’ailleurs les titres laconiques, en un mot comme Surface, Territoires, Surtensions… C’est impactant ! Impact se réfère à la violence. Vous ne remarquerez qu’aujourd’hui plus personne ne parle plus d’écologie dix ans après les accords de Paris… On ne fait plus rien ! L’impact sur nos vies est donc à venir. Il sera d’autant plus fort que l’on n’a pas agi.

Extrait d'une planche de la BD Impact

Extrait d'une planche de la BD Impact : l’impact sur nos vies est à venir... .© Norek - Pontarolo - Michel Lafon

F.P : On touche effectivement des points sensibles avec cette scène. Je n’ai cependant pas voulu trop recourir à ces effets horribles. Je ne voulais pas plonger le lecteur dans un cauchemar permanent. J’ai insisté sur cette scène du début, en Afrique car elle est visuellement très forte. Au Nigéria, nous sommes déjà dans le pire ! J’ai ainsi créé une ambiance qui marque le lecteur. J’ai planté une graine. Maintenant, le livre ne se résume pas aux catastrophes. Il y a aussi une intrigue policière.

Vous avez suivi très fidèlement l’histoire bien que vous ayez coupé certaines scènes comme la naissance de l’enfant mort-né de Virgil Solal…

F.P : Non, je n’ai pas vraiment coupé ce passage. L’image de cet enfant apparaît dans l’histoire, quand on évoque le parcours de Virgil Solal…

Ce passage est néanmoins beaucoup moins long que le chapitre tout au début du roman. D’autres scènes ont été éliminées comme celle dans l’église, ou l’errance de la directrice de la Société Générale kidnappée… Pourquoi ces choix ?

F.P : Traduire en dessin mot à mot au texte n’aurait pas en fait beaucoup d’intérêt. Il y a ensuite des questions techniques de pagination. Si nous partons sur un projet avec un certain nombre de pages, on ne peut tout garder, d’autant plus qu’on doit pouvoir rallonger des scènes que l’on trouve fortes… J’ai voulu dans cet album maintenir la tension. Olivier a une écriture très visuelle, très cinématographique. Le roman ne nécessitait pas d’être revu, d’être raconté différemment. Tout s’enchaînait. La lecture d’un roman est comme un coup de poing en plein visage. J’ai voulu garder cette puissance. Je n’ai pas enlevé la scène de la naissance, je l’ai raccourci en fait. En une seule image, elle prenait de l’ampleur. Elle devenait comme un flash…

Je voulais aussi qu’elle soit distincte graphiquement, qu’elle soit comme une peinture, qu’on comprenne qu’elle est restée figée dans la tête du personnage Virgil Solal. En fait, je la voulais différente de tout le reste de l’histoire. C’est un peu la même idée pour les parties intitulées « les nouvelles du monde » [des intermèdes qui illustrent les conséquences du dérèglement climatique pour les humains NDR] que nous voulions différentes. Elles sont imprimées pleine page, avec des couleurs différentes, des techniques différentes. Je voulais une démarcation claire entre ces évènements racontés à travers la planète et l’intrigue policière principale.

O.N : Il y a une différence majeure dans l’écriture d’un scénario de BD par rapport à celui d’une série télé. Un roman ne remplit pas une série télé. Il faut souvent rajouter des fausses pistes, des longueurs, des petites histoires en plus. Pour une BD, il faut malheureusement raccourcir pour des problèmes de contingence logistique, financière, technique… Il aurait fallu convaincre notre éditeur pour disposer d’une pagination supplémentaire. Si c’était trop long, on nous aurait proposer de raconter l’histoire en deux tomes... Cette option ne me plaisait pas spécialement, car on peut perdre du lectorat. Les gens peuvent ne pas suivre. C’est un peu comme les saisons 2, qui parfois ne sont pas assez fortes pour se justifier, pour satisfaire les attentes après la saison 1… Cela dit, si on avait vraiment voulu plus de pages, on se serait battu et on aurait convaincu l’éditeur.

Fred a trouvé les bons compromis, les passages à réduire qui ne modifient pas le rythme, qui ne dévoient pas l’histoire. La scène de l’accouchement devient très forte grâce à cette peinture, à cette allégorie. Finalement elle est aussi forte avec mes nombreux mots qu’avec le dessin de Fred. Il a exprimé cette douleur de manière très artistique, très différente finalement de moi, mais très bien aussi. Un roman laisse place à l’introspection. On peut rentrer dans la tête d’un personnage pour expliquer au lecteur la situation qu’il vit. Quand on dessine, c’est plus compliqué, à moins de recourir à une voix off. Mais en BD comme en télé, c’est une solution de facilité…

L’histoire reste dure avec ses catastrophes climatiques, ses enlèvements, son assassinat…

O.N :En fait, il y a trois histoires. C’est une bande-dessinée d’aventure avec « les nouvelles du monde », il y a aussi l’enquête, très compliquée à dessiner car elle se passe dans les bureaux, devant les ordinateurs et puis enfin la partie au tribunal, une sorte de « court room movie » comme disent les américains. Entre 10 et 15 pages se déroulent ainsi dans le tribunal, où l’avocat fait un long plaidoyer pour démontrer que la légitime défense pourrait s’appliquer contre les grandes entreprises polluantes. J’ai fait vérifier ce plaidoyer par le bâtonnier voilà une dizaine d’année, qui trouvait que j’ouvrais la boite de Pandore… En maltraitant le code pénal – les lois sont ainsi faites qu’elles sont adaptables, l’avocat va prouver qu’il est légitime d’enlever et de tuer le patron de Total… Cet album est construit autour de trois styles différents, trois rythmes différents.

La violence que contient cette histoire n’a pas besoin de se montrer : le patron de Total meurt dans de la fumée. La scène du dérèglement climatique avec la tempête de grêles montre la victime morte en position christique, religieuse, avec la lumière du soleil couchant. Ce sont des dessins qui marquent… Regardez aussi la scène des inondations en Inde, où la famille sacrifie son chat pour échapper au crocodile. Moi j’aurais imaginé une vue en plongée avec les protagonistes vus de dessus. Fred a dessiné une scène digne du fim Les dents de la mer avec cette vision du prédateur depuis les profondeurs. Le chat nous rappelle alors la nageuse dans le film de Spielberg. C’est l’imagerie des films de requins, qui fonctionne très bien et l’on comprend que le félin va se faire dévorer…

F.P : Je tiens à préciser que j’aime beaucoup les chats. [Rire]. J’ai été contraint de dessiner cette fin absolument horrible... J’ai cependant eu un matou qui m’a tenu compagnie pendant 17 ans. Je suis très chat…

Avez-vous une vision pessimiste de l’avenir de la planète ?

F.P : Je ne suis pas engagé dans les luttes écologiques mais j’ai toujours été sensible à ces questions. Je perçois ces avertissements, ce danger qui se rapproche de plus en plus. On se dirige vers un monde terrible, vers une situation catastrophique… Je suis défaitiste en temps normal et là encore plus. On a l’impression que les politiques ne font rien… J’essaie de mon côté d’avoir un comportement responsable. Je fais mon compost comme la ville de Strasbourg m’y incite, mais j’ai l’impression que ce sont des petits pansements. Je ne vois pas de solutions et peut-être même n’y-a-t-il pas. Nous consommons de plus en plus. Nous sommes de plus en plus nombreux. Nous sommes piégés par notre système. Olivier propose une solution qui passe par la violence et la révolte…

Certes mais avec une fin utopique avec des espaces protégés dans une vallée, des humains qui travaillent ensemble au bien commun…

O.N: Je suis pourtant d’un naturel pessimiste... Si je ne suis pas inquiet pour la planète qui s’en sortira très bien, je suis défaitiste par rapport à l’humanité. Nous pouvons composter et trier mais si la Chine, l’Inde et les Etats-Unis ne le font pas, l’impact sera limité. Aujourd’hui, au contraire, on accélère dans l’utilisation des énergies fossiles. Pendant la Covid, on nous promettait le monde de demain, on se retrouve avec celui d’avant-hier ! Avec la montée des eaux, des populations vont devoir fuir. Des guerres vont se multiplier. Elles vont brûler notre âme. Je n’ai hélas aucun doute sur l’avenir sombre de l’humanité, ni sur le devenir de notre environnement. J’ai choisi une fin positive car je n’ai pas voulu finir sur une scène de désolation et de désespoir. J’avais envie d’affirmer qu’il est toujours possible d’agir, de tenter quelque chose. Ne dit-on pas que l’on est à cinq poignées de main de n’importe qui ? Ce livre ou cette BD se retrouvera peut-être chez une personne qui voudra changer le cours des choses. Je me devais d’offrir un espoir aux lecteurs qui ont eu la gentillesse de s’intéresser à cette histoire.

Extrait d'une planche de la BD Impact © Olivier Norek et Frederic Pontarolo aux éditions Michel Lafon

Virgil Solal, un héros messianique et pessimiste ? © Norek - Pontarolo - Michel Lafon

Ce pessimisme colle mal avec un héros messianique dont le nom « Solal » signifie « celui qui guide » en hébraïque…

O.N : Effectivement , mais Virgil Solal décide de tuer. C’est un moyen que je réprouve. Je rejette cette solution mais dans les faits, il n’y a jamais eu de révolutions pacifiques qui ont marché. Il y a toujours eu du sang versé, des menaces, des affrontements. C’est difficile de changer sans douleur, surtout pour une logique capitaliste ancrée au plus profond de notre société. Il a fallu une révolution très violente pour aller de la monarchie vers la République, pour abolir la ségrégation… Si demain, tous les acteurs économiques pollueurs du monde entier étaient mis hors d’état de nuire, il y aurait peut-être un impact… Je refuse de tout façon de cette solution. On voit bien que le gaspillage, la surconsommation, le productivisme imprègnent notre société. Shein, le symbole de la mode express qui change toutes les semaines, attirent des foules dans son pop-up store à Paris. L’entreprise est pourtant une honte écologique. Son succès me révolte mais je ne fais rien, car je n’y crois plus…

Plus que les entreprises, ne sommes-nous pas tous coupables ? Tout à l’heure, Frédéric Pontarolo évoquait ces personnages dessinés qui se ressemblaient. N’avez-vous pas voulu montrer que nous étions tous pareils, tous complices ?

F.P : Sincèrement je ne pensais pas faire passer ce message par ce moyen… En revanche, vous avez raison, nous sommes bel et bien tous complices ! Nous participons à ce monde. On peut faire, chacun à son niveau, des efforts. J’ai un vieux portable que je prolonge au maximum. Je ne suis pas un consommateur effréné. Nous essayons de transmettre ces bonnes habitudes à nos enfants. C’est d’ailleurs dur car ils ne comprennent pas toujours ces notions. C’est un combat… Un petit combat. Il ne peut servir que si tout le monde s’y met… Malheureusement, je crains que tout le monde n’ait pas envie de s’y mettre.

O.N: C’est justement à la nouvelle génération qu’il faut inculquer cela ! Parfois, j’ai une lueur d’espoir car des associations me contactent au sujet de mon livre. Moi aussi je porte le même vieux pull qu’il y a 10 ans, j’ai le même portable, le même ordinateur… C’est en moi. Je trie mes déchets bien que je sache que peu seront finalement recyclés. Parfois je m’interroge pour savoir pourquoi je le fais ? Mes parents le font, mes proches le font et même si ce n’est pas grande chose, je me dis que cela peut nous mettre sur la bonne voie.

Vous multipliez les impacts… Le roman est adapté en BD. Vous travaillez sur une version télé et il y a même podcast. Pourquoi ces multi-adapations ?

O.N : Il ne s’agit pas d’un podcast plutôt d’une mini-pièce de théâtre, mise en scène par Alexis Michalik, disponible en audio avec des acteurs qui jouent les différents rôles, des bruitages, des inserts de flash d’information. C’est très vivant ! Je sais aussi qu’une troupe et un petit orchestre ont fait une pièce de théâtre Impact dans un petit village... En fait, je cherche à viser le public qui ne peut trouver le temps de lire. C’est difficile de lire désormais! Il faut pouvoir se mettre en pause pendant plusieurs heures… La société ne le permet pas aisément ! Regardez maintenant les vidéos sur les réseaux sociaux que regardent les jeunes à la suite. Elles ne durent que 10 secondes et offrent immédiatement une satisfaction, une récompense…

Une BD se lit plus rapidement et procure aussi visuellement des satisfactions. J’essaie donc de toucher le maximum de monde avec des médias différents. Aujourd’hui, comme vous l’avez dit, nous travaillons d’ailleurs pour faire d’impact un film ou une série.

Cette BD reste tout de même dense, avec beaucoup de textes notamment pendant le plaidoirie…

F.P : Ce texte, notamment celui de la plaidoirie, je ne pouvais pas l’enlever. Autant, je peux faire passer avec un ou deux dessins plusieurs pages de romans, autant parfois l’inverse n’est pas toujours possible. C’est le cas de la plaidoirie où il faut comprendre où va l’avocat, où il veut en venir. Dans ces scènes, le dessin devient quasiment une illustration. Il accompagne mais le texte reste plus important. Il y a évidemment des parties du livre où il y a moins de texte. Ce sont des pages d’aération…

« Une BD est un mélange entre du texte et du dessin. Il faut lire tout autant les images que le texte qui va avec !»

Pour ma part, j’aime les textes ! Une BD est un mélange entre du texte et du dessin. Il faut lire tout autant les images que le texte qui va avec ! Les deux ont parfois des sens différents ou complémentaires. C'est un peu comme dans la réalisation d'un film, entre les images et les dialogues. Le livre d’Olivier est bien écrit. Il n’y avait pas de raison d’en supprimer plus que nécessaire. L’adaptation de ce livre a été assez simple…

O.N : Si ce livre avait été un roman de tribunal, on se serait poser la question du roman graphique, qui laisse plus de place à l’écrit. Mais Impact est à la fois une BD d’enquête, une BD d’aventure et une BD de tribunal. Il a fallu trouver la bonne voie. On pourrait dire que nous sommes dans un entre-deux, entre BD et roman graphique. Il y a des scènes d’actions, sans bulles. D’autres mettent en avant le discours, avant le dessin…

C’est aussi une histoire de rencontres. La vie banale des personnages change avec cette rencontre, finalement provoquée par Virgil Solal.

O.N : Ils vont tous être agrégés par une notion qui m’a toujours motivé, celle de la cause juste ! Parce que la cause est juste, ils vont non seulement changer, mais changer pour le mieux ! Il y a aussi une quête sacrificielle. Virgil Solal accepte sa peine de prison car elle est juste. Il a tué un homme et pour lui, ancien soldat, il est juste qu’il subisse une punition, même si certains lecteurs pourront penser le contraire. Diane Meyer qui avait peur des grands espaces, de s’impliquer, de faire face au monde se retrouve directrice du centre Amazonie, une structure absolument gigantesque avec tous les espoirs qui reposent sur ses épaules. La gamine de Nathan qui était une rebelle est devenue adulte avec des responsabilités. Diane et Nathan qui étaient terriblement seuls vont se retrouver en couple. Le prisme de la cause juste s’il peut nous mener à notre perte, peut aussi nous agréger et nous sublimer !

Extrait d'une planche de la BD Impact © Olivier Norek et Frederic Pontarolo aux éditions Michel Lafon

L'album Impact est également construit autour d"une narration dense © Olivier Norek et Frederic Pontarolo aux éditions Michel Lafon

Y-aura-t-il une suite à Impact ?

O.N: Pour une suite, il faudrait faire un choix de sujet, soit une vie meilleure, soit une vie catastrophique. Si la vie va mieux, il n’y aura finalement rien à dire. Si la vie devient catastrophique, alors on laisse tomber… On abandonne tout, on arrête de recycler, on consomme sans limite et on s’installe à Dubaï ! Le livre s’arrête au bon moment. C’est le moment où le lecteur s’interroge « Et moi que vais-je faire ? ». Si nous donnons une réponse, il n’y a plus besoin de s’interroger, de savoir ce que le lecteur va faire pour lui, pour sa famille.

[1] Virgil Solal, le héros du livre est un ancien soldat, qui kidnappe les patrons des industries pollueuses. Nathan Modis est le policier qui le poursuit.

[2] Diane Meyer, la psychologue qui enquête avec le policier Nathan Modis.

[3] Virgil Solal, le héros du livre est un ancien soldat, qui kidnappe les patrons des industries pollueuses

[4] Frédéric Pontarolo, dessinateur

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