Jean-Paul Krassinsky signe une brillante adaptation du roman primé De pierre et d'os de Bérengère Cournut. Un récit initiatique vibrant aussi tendre que cruel porté par des aquarelles somptueuses. En terre inuite, une fracture de banquise sépare Uqsuralik de sa famille. Seule face à un environnement hostile, la jeune femme commence un long voyage pour survivre, entre hommes et bêtes, banquise et toundra...
Couverture "De pierre et d'os" © Krassinsky - Dupuis
Pourquoi avoir choisi ce roman ?
Jean-Paul Krassinsky : Mon éditrice Camille Grenier me l’a conseillé. Je l’ai dévoré en deux jours. J'avais envie depuis longtemps de me confronter à des adaptations littéraires.Là, je l'ai bien senti. L'aspect féminin du récit m’a passionné. J’ai grandi en lisant de la BD pour garçons et j’en ai fait le tour depuis longtemps.
Qui est Uqsuralik, l’héroïne ?
J.P.K : Une jeune inuite. C'est son récit de vie, celui d'une femme et de tout ce qu’elle peut affronter. Je voulais articuler des épreuves universelles de la vie avec l'imaginaire et la sensibilité inuits.
Des chants interludes ?
J.P.K : Déjà présents dans le roman, les chants sont doublement importants : ils rythment le récit et, dans la culture inuite très orale, permettent de résoudre des conflits, de transmettre des histoires…
Quel travail graphique ?
J.P.K : Pour cet album, j’ai d’abord crayonné sur Ipad, puis j’ai fait les couleurs à la main. Le rendu à l’aquarelle n’est pas possible en numérique. L’ordinateur ne sait pas encore l’imiter. Les paysages du Groenland sont un fermant pour l'imaginaire. De la même manière qu’en Écosse, on est plus enclin à voir des fantômes. Quand j’ai rencontré Bérengère Cournut, elle m’a dit : « Au fil de mes livres, je me rends compte que j’écris plutôt des paysages personnels ». Ça m'a donné une clé pour l'adaptation.
Extrait de "De pierre et d'os" © Krassinsky - Dupuis
Quelle documentation sur les Inuits ?
J.P.K : Bérengère a fait une résidence de plusieurs mois au Muséum naturel où elle a rencontré les équipes et a eu accès au fond Paul-Emile Victor, un homme qui a passé des années auprès des Inuits. Le Muséum a eu la gentillesse de me donner aussi accès à ce fond. J’ai pu m’immerger à la suite de Bérengère.
Un registre nouveau pour vous ?
J.P.K : C’est vrai. C’est sûrement l’âge qui me gagne ! J'avais envie de me confronter à un type d'émotion que je n'avais pas encore abordé à 100% dans mes albums. Dans mes contes humoristiques (Le crépuscule des idiots, Le singe qui aimait les fleurs), il y avait toujours une petite note d'émotion, mais là je voulais vraiment donner toute la place à ce registre. Ce n’est pas tant que j'ai voulu sortir de ma zone de confort, j'ai voulu l’étendre.
Interview publiée dans le mag ZOO N°103 Mars-Avril 2025
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