À l’occasion de la sortie du premier tome de Ruridragon, la directrice éditoriale de Glénat Manga nous explique pourquoi ce titre singulier en son genre s’impose comme l’un des grands enjeux de l’année.
Pourriez-vous nous présenter Ruridragon et nous expliquer pourquoi vous avez choisi d’intégrer cette série à votre catalogue ?
Satoko Inaba : Ruridragon est un shonen publié dans le Weekly Shonen Jump, l’un des magazines les plus connus des fans de manga, notamment parce qu’il a accueilli Dragon Ball, One Piece ou encore Sakamoto Days. Dès la publication des premiers chapitres, toute l’équipe éditoriale a eu un véritable coup de cœur. La série portait l’ADN du Jump, tout en s’en démarquant fortement. C’est cette singularité qui nous a séduits.
Les lecteurs japonais eux-mêmes en parlaient comme d’une œuvre différente et prometteuse. Malheureusement, l’auteur, qui travaille encore en traditionnel – sur papier – fait de plus en plus rare aujourd’hui, a dû faire une pause pour raisons de santé, et nous avons donc attendu son retour avant d’envisager une publication en France. Il a depuis repris à un rythme plus adapté, via la plateforme Jump , ce qui a permis à la série de se poursuivre sereinement.

Extrait du manga Ruridragon tome 1 (Glénat, 2025) : Ruri découvre ses cornes et son identité.© Glénat - Masaoki Shindo
Ce nouveau rythme de publication, plus souple, marque-t-il un tournant dans l’industrie du manga selon vous ?
S.I : Oui, tout à fait. On sent une évolution dans la manière de publier au Japon. Des auteurs comme Togashi (Hunter x Hunter) ont montré que le rythme hebdomadaire n’est pas toujours viable, et aujourd’hui, les éditeurs japonais semblent plus ouverts à l’idée de s’adapter au rythme de leurs auteurs.
Vous avez lancé la publication en simultrad pour Ruridragon. Qu’est-ce que cela change concrètement dans votre façon de travailler ?
S.I : Cela change beaucoup ! Traditionnellement, on attendait la publication du tome relié au Japon avant de commencer la traduction et la publication française. Avec le simultrad, tout s’accélère. Il faut être synchronisés avec l’éditeur japonais, traduire rapidement, et être capables de diffuser les chapitres quasiment en simultané.
Pour Ruridragon, cela signifiait rattraper toute la publication japonaise en un temps record. Nos équipes éditoriales et nos traducteurs ont littéralement couru un marathon pour que tout soit prêt. C’est une autre manière de faire la promotion d’une série : les lecteurs peuvent découvrir l’œuvre en avance, légalement, et cela les pousse ensuite à se tourner vers la version papier, qui reste le cœur des ventes chez nous.
En quoi Ruri, l’héroïne de la série, se distingue-t-elle selon vous des autres personnages féminins du catalogue Glénat ?
S.I : Ce qui Ruri rend unique, c’est cette volonté de ne pas se laisser définir par ses pouvoirs. Elle refuse de devenir une héroïne “classique” de shonen. Elle veut rester dans sa classe, garder ses amis, vivre sa vie. C’est une héroïne moderne, ancrée dans le quotidien, qui explore la différence avec beaucoup de douceur.
Justement, la série aborde la différence de façon très tendre, presque feel-good. Est-ce cela qui vous a séduit ?
S.I : Absolument. Il y a deux niveaux de lecture : pour les nouveaux lecteurs, c’est une belle histoire sur l’acceptation de soi. Pour les lecteurs aguerris, il y a plein de surprises, car Ruridragon détourne habilement les codes du shonen. Le manga surprend dans la manière dont les personnages interagissent.

Page de Ruridragon T.1 (Masaoki Shindo, Glénat) : un shonen du Jump plein de tendresse et de surprises. © Glénat - Masaoki Shindo
Vous pensez donc que Ruridragon peut séduire à la fois des novices et des lecteurs confirmés ?
S.I : Oui. Comme Spy x Family, Ruridragon peut être une excellente porte d’entrée dans le manga. Le concept est accessible, les personnages attachants. Pour les lecteurs aguerris, il y a aussi beaucoup à découvrir. Évidemment, ce n’est pas un manga d’action pur et dur, donc certains fans de shonen très combatifs passeront peut-être à côté, mais nous avons voulu faire un pari sur l’avenir, en allant chercher de nouveaux lecteurs. C’est une série importante pour nous.
Pour conclure, que peut-on attendre de la suite de la série ?
S.I : Ruridragon est une série pleine de surprises. Dans le tome 1, Ruri découvre ses cornes, puis son pouvoir de cracher du feu. Petit à petit, elle va apprendre à maîtriser d’autres pouvoirs. L’univers s’étoffe, on commence à entrevoir l’existence des dragons, des mystères autour de son père...
Mais tout cela reste ancré dans un quotidien lycéen. La série avance à son rythme, avec douceur. On ne sait jamais à quoi s’attendre, mais c’est ce qui fait son charme. Il n’y a pas de plan défini sur le nombre de tomes pour l’instant. L’auteur publie à un rythme régulier, il semble avoir trouvé son équilibre, et nous sommes ravis de le suivre dans cette aventure.

Illustration issue de Ruridragon tome 1 : Ruri, héroïne moderne qui explore la différence.© Glénat - Masaoki Shindo
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