Dans un conte moderne, Etienne Davodeau narre l’édifiant destin du Chien qui louche. Cette croute somptueuse a été peinte par un ancêtre de la famille Banion dont Fabien, gardien au Louvre, courtise la descendante. Chez les Banion, on aimerait bien accrocher le lévrier bigleux près de la Joconde. Une balade rafraichissante dans le temple de l’histoire de l’art et de ses mystères.
Il aurait mieux fait, Fabien, de ne pas aller faire coucou à la famille de sa copine Mathilde. Chez les Banion, rois du meuble, on a une certitude toutes générations confondues. Le tableau au grenier, Le Chien qui louche, est sûrement un chef d’oeuvre. Il faut qu’un spécialiste comme Fabien, gardien au Louvre, se charge de faire reconnaitre le génie de pépé Banion.
Plus curieux encore, Fabien est contacté par un habitué de la pyramide, Monsieur Balouchi. Il va le convaincre que Le Chien qui louche pourrait bien avoir sa place au musée sous la houlette d’une association toute puissante, La République du Louvre.
On aurait tendance à croire que Davodeau a grillé un fusible. Pas du tout. Son Chien qui louche a toutes les vertus des bonnes histoires. Au premier abord, l’odyssée de ce tableau horrible est un peu tirée par les cheveux. Encore que. On y croit finalement à sa République, à sa famille Banion et ses dérangés du bocal, à son Fabien qui essaye de s’en tirer sans dégats, à sa fin rigolote et astucieuse.
Etienne Davodeau, très en verve, a signé et dessiné une comédie alerte avec des personnages hors normes dans un lieu mythique. Une belle pirouette intellectuelle en forme de nouvelle que n’aurait pas reniée Maupassant.
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