Ode à la promenade contemplative, L’Homme qui marche emboîte le pas d’un doux rêveur qui déambule dans les rues d’une ville japonaise. Avec des dialogues réduits, cette balade offerte par Jirô Taniguchi charme grâce à sa maîtrise des détails.
Un homme déménage. Il décide de découvrir son nouvel environnement grâce à de multiples flâneries comme autant de parenthèses accrochées aux petits riens qui ponctuent son chemin. Grimper aux arbres, gravir le Mont Fuji de manière symbolique, retrouver des souvenirs enfouis ou des rêveries perdues, autant d’actions qui sont le point d’orgue d’un chapitre de L’Homme qui marche.
Cette édition anniversaire de l’œuvre qui a fait connaître Jirô Taniguchi en Occident agrémente le contenu original de quelques récits inédits, pas indispensables, mais surtout de pages en couleur d’un raffinement exquis. Les dialogues, rares, n’ont pas bénéficié jusqu’au bout du soin que leur mise en page aurait mérité. Ce détail ne doit cependant pas occulter la poésie qui parcourt ce récit. L'économie de moyens révèle la beauté qui se cache au détour des rues quand on sait la cueillir...
L’Homme qui marche est porté par un trait épuré et une gestion des gris parfaite, quand la couleur habilement harmonisée n’est pas au rendez-vous. Les rues, les corps, les gestes, tout exhale à la fois la tranquillité du quotidien et le soupçon de magie qui les rendent marquants. L’ensemble sert un récit calme et proportionné, qui se fait si facilement oublier qu’il semble naturel. Aucun coup d’éclat mais une maîtrise parfaite de la mise en cases pour mettre un avant chaque moment.
Malgré ses imperfections, le bel objet qu’est cette édition anniversaire de L’Homme qui marche permettra aux amateurs de découvrir des récits inédits de Jirô Taniguchi et aux néophytes de plonger agréablement dans l’univers de cet auteur.
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