Après quarante années d’un règne de paix et de prospérité, un vieux roi sent que sa mort est désormais proche. Il est littéralement terrorisé par cette funeste perspective au point de sacrifier ses quatre enfants sur les conseils d’un étrange mage qui lui promet la vie éternelle. À la fois cruelle et sombre, cette histoire aurait pu être signée par les frères Grimm.
En effet, cela aurait pu démarrer sur la formule traditionnelle de « Il était une fois… » car c’est bien d’un conte qu’il s’agit. Zidrou en emprunte le cheminement narratif classique et permet à Oriol, son partenaire graphique, de signer une nouvelle fois un album singulier.
Le tandem de l’excellent one-shot La Peau de l’ours, publié en 2012, se reforme ici pour aborder avec un réel bonheur un tout autre genre que le polar. Le père de L’élève Ducobu ne cesse de nous surprendre agréablement depuis ces trois dernières années par ses nombreux récits complets toujours bien ajustés au style de ses différents dessinateurs, tout en s’affirmant ouvert à tous les domaines.
Pour se fondre dans cet univers à la fois sombre et grave, Oriol adopte un style graphique très différent de son précédent album. Ici, couleurs et formes expressionnistes, suggèrent souvent les ambiances et personnages plutôt que de les définir clairement. Son parti pris graphique ne manque pas de rappeler celui de Lorenzo Mattoti, ce qui, convenons-en, n’est pas une mince référence.
Zidrou n’a pas lésiné sur le nombre de planches pour mener à son terme cette belle illustration du « pacte faustien » qui se conclut sur un bel hommage à la Femme ou au matriarcat. Une franche réussite et un très beau moment de lecture, assurément !