Juin 2013. La révolte gronde à nouveau sur la place Tahrir et les Egyptiens sont rassemblés en masse pour tenter une nouvelle fois de gagner leur liberté. Layla fait partie des manifestants, mais Layla est une femme et ce jour-là sa voix est étouffée par les hommes qui la violent dans la foule. Cet album, enrichissant et touchant, met en exergue les paradoxes de la révolution égyptienne.
Layla travaille durement pour obtenir son diplôme d’ingénieur agronome. Son ami, Asim, la pousse à s’engager pour l’avenir de son pays et la convainc de venir manifester. Dans cette effervescence, Layla se prend à y croire mais alors qu’elle se retrouve seule au milieu de la foule, le pire arrive.

Ferenc et Bast avaient pris comme point de départ pour Doigts d’honneur le violent passage à tabac d’Azza Suleiman par les forces de l’ordre égyptienne en 2011. Les terribles évènements de juin 2103 sur la place Tahrir leurs apportent de nouveaux éléments qu’ils mettent en parallèle, alternant entre l’enquête documentaire et l’histoire de Layla. En mêlant l’information à la narration, Ferenc parvient à toucher le lecteur tout en l’invitant à se renseigner sur le sujet. Le dessin de Bast passe de l’un à l’autre avec brio offrant un trait sensible mais sans concession lors de pleine pages frappantes.
L’Egypte a encore une grande révolution à mener, celle pour la liberté des femmes. Alors que la société égyptienne a montré à quel point elle pouvait se battre, cet album touche du doigt le problème de la place des femmes et leur totale invisibilité dans cette révolution, qui encore une fois est le privilège de l’homme. Doigts d’honneur fait partie de ces albums qui à eux seuls tentent de faire avancer les choses. Une belle réussite.