Murs murs est un projet de longue date auquel Tignous tenait énormément. Des mois, des années de travail qui auraient pu ne jamais voir le jour. Grâce à Chloe Verlhac, la compagne de l’auteur, cet album d’une grande sincérité est sorti malgré la mort de son auteur.
Tignous commença les dessins d’audience lors de son propre procès intenté par le Front National. Curieux, il s’est ensuite intéressé à différentes affaires jusqu’au procès d’Yvan Colonna qui donna lieu à un reportage dessiné. Tignous aimait entendre les histoires de chacun, pas seulement les prévenus ou les victimes mais aussi tous ceux qui participaient de près ou de loin au procès.
Aller à la rencontre de personnes vivant en milieu carcéral était une évidence pour cet auteur profondément humaniste. A nouveau, il s’agissait de donner la parole à ceux que l’on n’entend pas, qu’ils soient prisonniers, geôliers ou médecins. Libérée de toute case, l’œuvre met en avant des bribes de phrases que Tignous a relevées lors de ses nombreuses conversations dans les centres qu’il visita.
Sans jugement ni point de vue personnel, il donne simplement à voir et laisse s’exprimer ceux dont la voix est souvent inaudible. En véritable ouvrage journalistique, l’album est enrichi par de nombreux documents montrant le fonctionnement du milieu carcéral et le quotidien des prisonniers. Certains détenus, n’ayant pas voulu s’exprimer directement, ont confié leur témoignage dans des lettres retranscrites en fin de chapitre.
Le dessin que Tignous n’a pas eu le temps de mettre en couleur a été colorisé par Pascal Gros, son ami et collaborateur de toujours. Entre portraits, lieux de vie et objets du quotidien, l’immersion est totale. Tignous, guide invisible, nous emmène à travers ces couloirs rarement représentés.
Murs murs ressemble à son créateur : une oeuvre touchante, simple et vraie. Elle devait absolument voir le jour.
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