Dans le futur, les humains vivent dans une station en orbite autour de la Terre qu’ils ont définitivement rendue inhabitable. Ils sont gouvernés par une multinationale qui gère leur vie point par point. Le programme de Terra-formation lancé sur Shangri-La, parcelle d’un satellite de Saturne, se termine. L’humanité va vouloir jouer à Dieu dans cette BD moderne, forte et sans concession. Une claque à la fois philosophique et émotionnelle.
Un homme habillé comme à la préhistoire recherche de la nourriture, seul, dans un espace désertique. Il semble se croire dernier survivant des êtres pensants. Dans sa cahutte truffée de technologie ultra moderne, il surveille et attend le Big Bang qui va enfin arriver.

Shangri-La se révèle est de ces contes futuristes qu’on aimerait découvrir plus souvent. Dans cet album millimétré, chaque personnage se construit au fil de l’intrigue, captivante. Elle ne s’attaque à rien de moins que la création de la vie ex nihilo. Tout en présentant une genèse, le scénario attaque notre société consumériste où l’avoir a remplacé l’être. Notamment avec la multinationale Tianzhu Enterprises qui n’est pas sans rappeler les immenses conglomérats qui existent déjà à l’heure actuelle...

Mathieu Bablet signe aussi le dessin de cette intégrale, où l’on en prend plein les yeux. Les couleurs douces et fortes savent composer avec les différentes atmosphères pour plonger le lecteur dans la vie de la station spatiale. Les grandes planches sur l’espace et les planètes font rêver tandis que les détails qui pointent la consommation du doigt sans ralentir le récit sont parfaitement mis en scène. Certaines pages silencieuses transmettent terriblement l’émotion : le dessin sensible touche au cœur !
Avec Shangri-La, les éditions Ankama nous offrent un superbe album qui mérite sa place au panthéon de la science-fiction.
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