Un scénario bien ficelé, œuvre de deux historiens brestois bien connus des bédéphiles, et un dessin plein de mouvement et de mystère pour décrire cet épisode de la Guerre d’Espagne à Brest. Tout est réuni pour faire de cette Nuit noire sur Brest une bande dessinée qui reste. Chapeau.
Dimanche 29 août 1937. Un sous-marin républicain espagnol apparaît, mystérieusement en rade de Brest. Un commando franquiste tente de le revendre à Franco, avec l’appui des fascistes du coin. Mais les anarchistes, communistes et autres forces de gauche ne comptent pas se laisser faire. Brest la Blanche plonge par dommage collatéral dans la guerre d’Espagne.
On reconnaît les pattes narratives des historiens et scénaristes brestois Kris et Bertrand Galic : une bonne dose de réalité et ce qu’il faut de fiction pour apporter du liant à une histoire criante de vérité. À travers les péripéties de ce sous-marin, c’est toute la guerre entre franquistes et républicains espagnols qui se cristallise à Brest. Au fil d’une nuit noire, sombre, obscure. Un récit mené tambour battant, sans fausse note.
Le travail graphique de Damien Cuvillier sur les lumières et les ombres, dans une ville où elles prennent toute leur importance, apporte encore un peu plus de mystère et de crédibilité à un récit qui n’en manquait déjà pas. C’est bien dessiné, agréable à dévorer. Cet album s’empare de Brest la Blanche avec une connaissance précise des lieux.
La guerre d’Espagne qui s’invite à la pointe du Finistère : qui l’eut cru ? Cette même Brest qui va rentrer dans une guerre mondiale dont les meurtrissures sont encore criantes aujourd’hui... Plantés avec justesse, le décor et les personnages permettent aux auteurs de développer une intrigue de choix. Bel équilibre entre histoire et fiction. Le trait mystérieux et entraînant ajoute à l’intérêt d’une BD qui sort des courants marins habituels.