Mais qu’est-il arrivé à Ivanhoé Backus ? Pourquoi son père vigneron l’a contraint à grandir dans un fût après lui avoir fait nettoyé? Le jour où le bois se fend, comment cet être surnaturel va-t-il parvenir à se confronter sans heurts au monde extérieur ? Un album d’une rare puissance scénaristique et graphique.
Ivanhoé Backus a grandi dans un tonneau de vin. Quand il en ressort adulte, cette immense carcasse, véritable force de la nature, a un pouvoir surnaturel. Tout ce qu’il touche devient vigne. Au lieu de se lamenter sur le sort d’une vie de martyre choisie par son père au bénéfice de son petit bleu, le fiston met ses dons au service de son propre pinard. Et ça déménage dans les vignes...
Histoire curieuse, originale. Extraordinairement réussie. Extraordinaire, le héros l’est à coup sûr. Marginal aussi. Coupé de tous contacts sociaux pendant la première partie de son existence par ce père qui ne pense qu’à la qualité du sang de la terre, un monde s’offre à lui lorsqu’il sort de son fût par inadvertance. Un horizon de liberté.
Corps et visage taillés à la hache, personnages expressifs et couleurs chatoyantes : cet album, une pépite du prolixe éditeur québécois La Pastèque, est une perle graphique pour toutes celles et ceux qui aiment la simplicité et l’authenticité au service d’un dessin très efficace. Sans fioriture, mais doté de tous les ingrédients nécessaires pour faire un bon pinard. Hips, pardon, une bonne BD.
C’est doux comme un vin de Loire, corsé comme un Languedoc, charpenté comme un Bordeaux, aussi fin qu’un grand Bourgogne et costaud comme un pinard du Sud-Ouest. Ivanhoé Backus est aussi gouleyant qu’un vin de soif de casse-croûte entre copains et qu’un grand cru en amoureux autour d’une table fine. A la fois accessible et complexe, aux notes textuelles d’épices et au graphisme de belle robe. Santé.