La Guerre de Catherine, adaptation graphique du roman jeunesse de Julia Billet, met en scène la petite Rachel, devenue Catherine pour se protéger. La jeune fille doit fuir le nazisme mais passionnée de photographie, elle figera les moments qui parsèment son périple. Un album magnifique, essentiel et émouvant.
Guerre et photo marquent la vie de la jeune Rachel. En 1941, le conflit s’aggrave. Ainsi que plusieurs enfants, la jeune fille est pensionnaire à la maison de Sèvres. Elle y a été initiée à la photographie et passe ses journées à capturer les moments. Préoccupés par la sécurité de leurs élèves, les professeurs leur donnent de nouveau prénoms et les envoient sur les routes de la zone libre. Devenue Catherine, son appareil photo à la main, elle devient le témoin d’une époque.
Le récit a valeur de témoignage, d’autant plus que la photographie y est présente. L’horreur de la guerre vue par les yeux d’une enfant, persécutée en raison de sa religion, ne peut laisser indifférent. C’est la simplicité de la narration qui prévaut, alternant récit intérieur et dialogues. Une histoire d’innocence persécutée, face à l’injustice des événements, face à la séparation et l’errance, et dont se dégage pourtant énormément d’humanité et d’entraide. Le scénario, humain et bouleversant, la narration sans artifice, font sourire et pleurer.
La ligne va à l’essentiel et capture elle-même une Catherine en mouvement constant. Les couleurs au rendu encre ou aquarelle sont dynamiques et émouvantes. Elles imposent une impression de temps qui passe que seule la photographie fige. Les personnages n’en sont que plus humains et fragiles et l’émotion intense.
Par la force du récit, la Seconde Guerre mondiale devient la guerre de Catherine, vision innocente de l’atrocité, négatif « positif » du récit historique froid. Figée par la photographie, l’humain reprend le dessus sur l’inhumain. L’image permet de dire et témoigner de l’innommable dans un album sincère et bouleversant.
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