A une dizaine de kilomètres de l’île de Sein se dresse le phare d’Ar-Men, édifié dans la seconde moitié du XIXe siècle sur un étroit piton rocheux entouré de récifs. Un siècle plus tard, sur les pas de Louis lors de la relève des gardiens, nous allons découvrir l’histoire de cet édifice bravant les flots déchaînés de la mer d’Iroise. Emmanuel Lepage, aguerri aux bandes dessinées de reportage, n’oublie pas d’y inclure une part bienvenue de légende et de fiction.
La légende, c’est celle de la mythique ville d’Ys que le gardien, Germain, conte à sa fille les soirs de tempête au sommet du phare. Mais Emmanuel Lepage a aussi imaginé pour ses deux personnages un passé douloureux, aux accents aussi sombres que le gros temps qui sévit au large. C’est en décapant le crépi des murs que Germain va aussi découvrir, tel un journal de bord, les faits marquants de l’histoire du phare consignés par son tout premier gardien.
Emmanuel Lepage a démarré l’aventure Ar-Men à l’occasion d’un documentaire pour l’émission Thalassa, dont le DVD est inclus dans l’album. Il avait réalisé des croquis pris sur le vif, dont il a tiré une bande dessinée, encouragé par Claude Gendrot, son éditeur. La somptueuse couverture de l’album constitue à elle seule une pressante invitation au voyage.
Il faut sans doute être Breton dans l’âme pour pouvoir restituer l’ambiance des lieux avec autant de ressenti et de précision. Fort de l’expérience de ses croisières dans l’océan Arctique, l’univers marin n’a plus le moindre secret pour lui. Ses tempêtes, ses lumières, ses couleurs, ses cadrages participent à une véritable symphonie pour les yeux. Ne manquent plus que l’odeur de l’air iodé, le bruit du ressac, du vent qui souffle et le cri des mouettes !
Les compositions de ses planches sont impressionnantes : la jubilation qu’il a dû ressentir en les créant est contagieuse...