Le thriller noir La mort aux yeux de cristal s’ouvre sur le cadavre d’un mannequin dont les yeux sont remplacés par des globes de cristal. Ce récit violent et fantastique est livré par deux auteurs imaginatifs très inspirés par le cinéma d’horreur italien.
Rendant ouvertement hommage au giallo, genre cinématographique à la frontière du cinéma policier, du cinéma d'horreur et de l’érotisme, Lancelot Hamelin et Etienne Oburie en ont emprunté les codes pour le transposer en bande dessinée.
L’intrigue aux ambitions multiples, est jalonnée de scènes gores et d’images fortes. Si l’enquête principale est convaincante, bien qu’un brin farfelue dans son dénouement, elle manque de dialogue plus incisifs. On aurait aimé que les personnalités de l’enquêtrice Cornelia et de Radka, la mannequin menacée par le mystérieux tueur, soient davantage creusées. Quant aux histoires secondaires, dont celle du bébé de Cornelia, elles s’avèrent un peu décousues.
Heureusement le trait très expressionniste d’Oburie, éclairé de couleurs chatoyantes, offre des images percutantes, soulignées par le décalage de leur éclairage. La violence des meurtres très bien mise en scène étend le terrain de jeu du giallo. Sans oublier la sublime couverture de l’album où tous les ingrédients du film d’horreur sont exploités : atmosphère lugubre, sang, érotisme latent, cadavre manipulé par un être monstrueux...
Avec La mort aux yeux de cristal, Lancelot Hamelin et Etienne Oublie livrent un récit de série B de bonne teneur, avec un vrai propos autour de la marchandisation du corps féminin et des idées de mises en scène audacieuses. L’ensemble méritait seulement une intrigue et un dénouement plus fins.