Mauvais genre

Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, meurtri par la guerre et ses horreurs, déserte. Il doit rester caché mais cette vie clandestine le tue à petit feu. Il décide de se travestir pour pouvoir vivre au dehors. Désormais il sera Suzanne et occupera le centre d’une histoire pleine d’émotions.

Mauvais Genre est adapté d’un essai historique autour d’un fait criminel de l’entre-deux-guerres. Son scénario montre bien à travers le personnage de Paul l’étendue des conséquences de la Grande Guerre et de la vie dans les tranchées. Très vite, nous assistons, impuissants, à la prise de contrôle de la nouvelle identité de Paul sur lui-même et son couple. Sans jamais pousser au voyeurisme, Paul-Suzanne nous entraine peu à peu dans les lieux de bacchanales du Paris des années 20.

Pris dans une course à l’inéluctable, Paul-Suzanne tient le lecteur en haleine durant 160 pages. Mine de rien, la réinterprétation de son histoire par Chloé Cruchaudet aborde beaucoup de questions sérieuses sans jamais devenir pesante. Son ton, jamais moralisateur, toujours profondément humaniste, charme littéralement.

Le trait fin et délié de cet album nous ramène instantanément au début du XXème siècle. Les contours flous, libres, des cases ne sont pas sans rappeler les photographies de l’époque. Par ce choix stylistique, Chloé Cruchaudet apporte un peu de légèreté à ce drame, le rendant plus émouvant et plus crédible à la fois.

Un album passionnant qui nous parle de nos fragilités et de nos forces, de notre humanité tout simplement.