Fin 1960 le Mali acquiert son indépendance. Des colons sur le départ achètent à vil prix des objets d’art africain qu’on retrouvera dans les musées, galeries et autres collections privées. Un jeune homme parvient cependant à subtiliser une statuette représentant une femme enceinte, qu’il va cacher dans un majestueux baobab. Par ce biais, Christian Lax fait une entrée insolite dans la « collection Louvre » et propose une réflexion d’une grande humanité sur les arts premiers avec les flux migratoires en toile de fond.
Plus de cinquante ans après, Alou, chasseur de miel, est malmené par un groupuscule de djihadistes qui fait exploser le baobab où est nichée la sculpture en bois. Alou va trouver un vieux sage qui lui conseille de rapporter l’objet au musée du Louvre où, ironie de l’Histoire, elle sera plus en sécurité que dans son pays d’origine. Commence alors pour Alou, une très longue épreuve qui va le mener jusqu’à Paris.
De fait, La maternité rouge, tout en assumant le cahier des charges de la collection dédiée au Louvre, s’en écarte très nettement pour aborder la brûlante question des migrants traversant la Méditerranée pour fuir misère, terrorisme et autres dictatures politiques ou religieuses et venir se heurter au racisme de la frange identitaire populiste, de plus en plus répandue en Europe.
Lax nous fait partager cet éprouvant voyage qui prend l’allure d’une véritable odyssée et nous balade, de savane en désert, dans de somptueux décors africains et nous embarque sur les pas d’Alou à bord d’une embarcation de fortune surpeuplée où l’horreur n’a pas dit son dernier mot.
Il reprend ici la technique déjà utilisée pour Un certain Cervantès, avec des encres dont les dominantes varient au fil des séquences selon les ambiances, et signe un des plus beaux albums de sa prestigieuse carrière. Les éditions Futuropolis démarrent l’année éditoriale 2019 en grande pompe !
0

0