Où l’on renoue avec Jules Toulet, le peintre voyageur et l’amoureux transi de la belle Anna pour un nouveau trip où il va retrouver, après moult années de séparation, son maître et initiateur Ammôn Kasacz à qui il avait jadis dérobé un carnet de croquis. La somptueuse couverture de cet album constitue à elle seule une invitation pour embarquer dans cet ultime voyage auquel nous convie le trio d’auteurs.
Parti d’un portfolio d’une dizaine d’illustrations créé à la suite d’une visite conjointe avec son éditeur Daniel Maghen au musée de la marine, l’aventure s’est poursuivie en 2005 avec un album où Sophie Michel a imaginé une histoire qui pouvait lier ces images entre elles avant qu’Emmanuel Lepage en crée de nouvelles pour étoffer le récit.
L’aventure s’est poursuivie en 2016, cette fois sous forme de bande dessinée, à laquelle René Follet a participé avec des illustrations tirées d’un ouvrage aujourd’hui disparu, Les Grecs, ainsi qu’une série de nouvelles images spécialement créées pour l’occasion. Emmanuel Lepage, à juste titre, ne tarit pas d’éloges sur René Follet, à qui il fait endosser en quelque sorte le rôle du personnage d’Ammôn, initiateur et inspirateur en matière graphique. Et la fin des Voyages d’Ulysse était suffisamment ouverte pour laisser espérer que le trio nous revienne pour une nouvelle histoire, la dernière nous assurent-ils.
Avec des pages entièrement calligraphiées par Aurélie Tièche, le récit de Sophie Michel fait surtout l’apologie de toute une littérature maritime, de Moby Dick de Melville à L’île au trésor de Stevenson, sans oublier Les contrebandiers de Moonfleet ou Robinson Crusoë, romans qui ont bercé la jeunesse des trois auteurs. L’occasion de republier les magnifiques illustrations de René et d’en inspirer de nouvelles à Emmanuel, toutes aussi bluffantes de qualité. L’histoire s’achève, de façon fort émouvante, par la mort paisible d’Ammôn, entouré de Jules, Salomé et Anna. Mais qu’on se rassure : René Follet, lui, n’a pas jeté le gant !