Les fins d'années nous réservent bien des surprises en termes de sorties BD. Bien que bouleversée, 2020 ne déroge pas à la règle: ces Voyages de Gulliver, adaptés avec talent par le scénariste Bertrand Galic et dessinés avec virtuosité par Paul Echegoyen, sont un formidable moment d'aventures à glisser sous le sapin. Un chef-d'oeuvre écrit et dessiné.
Londres, août 1706. Le docteur Gulliver Lemuel est recruté par le capitaine Robinson pour embarquer sur le bateau de La Bonne Espérance. Ils voguent vers des contrées reculées. De bizarreries en loufoqueries, d'une immortalité invivable à l'asservissement de populations et la maltraitance d'êtres humains, ce bon vieux barbu de Docteur va continuer son périple au gré de ses désenchantements et désillusions.
Le navire de La bonne espérance est victime d'un abordage...
Le scénariste brestois Bertrand Galic a eu un début de parcours très prometteur avec l'adaptation du Cheval d'orgueil de Pierre-Jakez Hélias. L'enseignant de la pointe bretonne a transformé l'essai en bossant avec le scénariste historique Kris (Sept athlètes, Un maillot pour l'Algérie, la série en cours Violette Morris...). Cette fois, il gravit encore un peu plus la montagne de ses ambitions narratives en s'attaquant aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, œuvre majeure s'il en est.
La fulgurance de son scénario brille, aussi, grâce à la virtuosité du trait de Paul Echegoyen. Ses ciels de tempêtes aux épais nuages qui font passer à des barbes et moustaches chatoyantes, ses ambiances de l'époque des épopées et des grandes découvertes, de ce XVIIe siècle en marche, fascinant, sont autant d'atouts qui font de cet album un des trésors de l'année 2020.
Les paysages de Paul Echegoyen
De Laputa au Japon, sous-titre de cette pépite, on vogue avec plaisir et inquiétude aux côtés de ce personnage haut en couleurs qu'est Gulliver. Aucune hésitation : jetez-vous sur ce titre pour le glisser dans la hotte. Toute la famille s'y retrouvera : c'est l'apanage des grandes œuvres. Immenses, même.