Un Tango nommé Gran Cafe Tortoni
Dans un album de 112 pages, Philippe Charlot et Winoc rendent hommage à la culture
28 février 2018
-Interview
Éditeur : Phileas
Scénario : Catherine BardonDessin : Winoc
Prix : 18.90€
Scénario
4.0Dessin
4.0Catherine Bardon s’est associée à l’illustrateur Winoc pour adapter son roman, Les Déracinés, en BD. En 1935, à Vienne, Almah et Wilhlem, de jeunes mariés, font face à la montée du fascisme. Le couple juif se retrouve contraint de quitter leur ville natale. L’album témoigne, avec finesse, du tumulte que représente l’émigration.
Les jeunes mariés poursuivent un long et fastidieux périple. Après plusieurs escales, Almah et Wilhlem débarquent malgré eux, en 1940, à Sosua en République Dominicaine. Ils y découvrent un terrain vierge, un lieu reculé où démarrer une nouvelle vie, loin des affrontements et des persécutions. Après avoir souffert des mois dans des camps de transition pour émigrés, le couple pourra-il se reconstruire, acquérir une nouvelle nationalité, fonder une famille ?
Almah et Wilhlem s'apprêtent à vivre un grand voyage...
Le dessin réaliste de Winoc et en particulier l’environnement naturel de l’île permet d’apposer un visuel clair sur l’atmosphère tropicale de la ville de Sosua. On observe une grande cohérence entre le style classique de l’illustration et ce récit régulièrement ponctué par des marqueurs historiques. La précision du trait ancre ainsi davantage l’histoire dans un espace-temps réel. De même, les dialogues entre les personnages sont d’un naturel remarquable. Cette vraisemblance des rapports entre les personnage est appréciable; elle nous permet d’éprouver de l’empathie pour la femme et l’homme que sont Almah et Wil.
Dans une période aussi chaotique et tragique que la guerre, nous pouvons nous étonner de trouver un récit essentiellement situé sur une île, à priori paisible. Sur ce terrain de République Dominicaine, les exilés découvrent en effet un mode de vie où règne l’entraide, le confort, et la tranquillité. Mais, depuis leur départ de Vienne, l’espoir se mêle à la culpabilité. Ce sentiment reste omniprésent dans l’esprit d’Almah et Wil, qui ne peuvent ignorer tous les dommages que la guerre est en train de causer. L’album oscille ainsi entre légèreté et gravité. Comme le dit Almah, au sujet d’un documentaire tourné à Sosua: n’ont-ils été que « des pions dans un jeu » ? Un jeu qui aurait été illusoire et factice ? Cette histoire de paradis, n’est-elle pas trop belle? Toute l’ambiguïté est là et elle nous perturbe jusqu’à la fin.
4.0
Une adaptation réussie du roman, Les déracinés, mettant en exergue à la fois l'horreur de la secondaire guerre mondiale, de la shoah, mais également du déracinement pour fuir, pour survire ailleurs. Ce roman s'intègre dans un contexte historique fort bien documenté... et magnifiquement mis en coueleurs dans cette bande dessinée. Je vous invite à lire la chronique ci-dessus de Caroline, plus détaillée.
Le 16/05/2021 à 18h47
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