En 1937, les Etats-Unis sont encore en pleine période de convalescence suite au crash boursier qui a plongé le pays dans la misère huis ans auparavant. John Clark, 22 ans, postule pour un emploi de photographe pour réaliser un reportage dans l’état de l’Oklahoma. L'autrice Aimée de Jongh suit son immersion dans cet univers rural au bord de la désolation et, disons-le d’emblée, signe un véritable chef-d’œuvre en matière de roman graphique.
Située à cheval sur plusieurs états autour de la « panhandle » de l’Oklahoma (appelé ainsi en raison de sa forme de poêle à frire), cette région a été baptisée Dust Bowl à cause des tempêtes de sable récurrentes, fruit d’une politique agricole intensive. John Clark va côtoyer pendant un mois une population indigène d’abord un peu méfiante à son égard (il est new-yorkais) et peu habituée à poser devant l’objectif de son appareil. Les rapports vont peu à peu s’étoffer et finir, eu égard à la pauvreté ambiante, par remettre en question la pertinence de sa mission.
John Clark se met à la mode rural...
© Aimée De Jongh chez Dargaud
Ce roman d’initiation immerge son anti-héros dans un contexte superbement documenté qui inclut de nombreuses photos réalisées par de célèbres reporters de l’époque et rappelle tout un pan de la littérature américaine avec John Steinbeck (Les raisins de la colère) en figure de proue. L’évolution psychologique de John au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres est particulièrement bien vue notamment à la lueur des rapports entretenus avec feu son père.
Images pleine page ou double page, le découpage d’Aimée de Jongh est au diapason de son récit, d’une rare fluidité. Son trait, tout comme sa maîtrise du scénario, se sont encore bonifiés depuis Le retour de la bondrée (2016). Pour sûr cet album est appelé à recevoir une avalanche de prix et de distinctions pleinement justifiées !