James et de Thuin profitent du prétexte d’une enquête policière en Bretagne pour passer à la moulinette avec humour les poncifs sur la Bretagne, en égratignant au passage quelques faits de société.
James propose dans cette enquête du duo Linguine / Pichard (déjà vus dans Meurtre à la compta) son humour délicieusement absurde. Le lecteur sagace aura noté le subtil jeu de mots ayant donné le titre de ce nouvel album. Comme dans le précédent tome, le découpage est de quatre cases par page, avec une chute ou un rebondissement dans la dernière case, pour mieux poursuivre l’histoire sur la centaine de planches que compte l’album.
Un cadavre est découvert dans un champ, en Bretagne. Cette fois, la Commissaire est plus à côté de ses pompes que son inspecteur : elle adopte un comportement que n’aurait pas renié les Dupondt quand ils débarquent en terre étrangère. Pichard étant « métis » mi-breton mi-picard, il est en revanche à l’aise en Bretagne. Maniant gentiment l’ironie, La mort est dans le pré traite au détour des cases de la rivalité entre police et gendarmerie, du carré famille dans les trains, du régionalisme breton, du caractère sacré des congés payés, de la météo locale, de la mafia bretonne, de la force des marées, de la pollution causée par les algues vertes, etc. Les auteurs accumulent les clichés sur la Bretagne pour mieux les tordre (ou pas) avec le sourire. Venant de Nantes, James connaît son affaire, avec le débat restant ouvert sur le fait que Nantes soit bien une ville bretonne du fait de son passé…
La mort est dans le pré
© James, David De Thuin - Delcourt
David de Thuin a pour Maître en BD Raymond Macherot, l’inoubliable créateur de Chlorophylle et de Clifton. De Thuin est entre autres le dessinateur de l’excellente série Les Zorilles (gags drôlissimes dans la savane) et de Coup de foudre (l’étonnante histoire imaginée par Raoul Cauvin d’un taureau qui aurait voulu naître vache). Son style simple et expressif convient à merveille au format de cette enquête bretonne.
Un peu moins punchy que Meurtre à la compta, cette histoire est quand même menée tambour battant en nous faisant régulièrement sourire voire rire, ce qui est précieux.