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Saga de Xam (Revival)

couverture de l'album Saga de Xam (Revival)

Éditeur : Revival

Scénario : Jean RollinDessin : Nicolas Devil

Prix : 35.00€

  • ZOO
    note Zoo4.5

    Scénario

    4.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis de l'album Saga de Xam (Revival)

Saga de Xam est l’une des dernières pépites oubliées de la bande dessinée mondiale des années 1960. À l’époque, Éric Losfeld, éditeur historique de la contreculture, décide de publier quelques bandes dessinées. Des chefs-d’œuvre comme Barbarella de Jean-Claude Forest ou Pravda la survireuse sortiront chez Losfeld. Et Saga de Xam, une œuvre dantesque et unique de son auteur, Nicolas Devil, sur un scénario du mythique cinéaste Jean Rollin. Incontestablement, Saga de Xam est un jalon dans l’histoire de la bande dessinée francophone, et en particulier en ce qui concerne la science-fiction et le merveilleux héroïque. Sa puissance plastique n’a jamais été égalée. Jeune auteur de 24 ans en 1967, Nicolas Devil (1943) réalise son unique œuvre de bande dessinée, Saga de Xam. Très vite il se retire définitivement du monde de la bande dessinée, découragé par les difficultés et les compromis demandés. Quant à Jean Rollin (1938-2010),...

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La critique ZOO sur l'album Saga de Xam (Revival)

Initialement publiée en 1967, aux éditions Losfeld, Saga de Xam reste une œuvre mythique, véritable espace d’expérimentation de son auteur, Nicolas Devil, sur scénario du cinéaste alternatif Jean Rollin. Ce premier « roman graphique français » dont la puissance plastique n’a jamais été égalée est aujourd’hui rééditée aux éditions Revival, grace au travail acharné de Christian Staebler qui a tout rescanné et mis en couleur avec le fils de l’artiste.

Longtemps préservée de la violence, la planète Xam (uniquement peuplée de femmes) voit les hordes Troggs débarquer, détruisant et asservissant la population sans ménagement. La belle Saga est alors envoyée par les dirigeantes de sa planète pour trouver sur Terre une solution à travers diverses périodes de l’Histoire. Le principe est donc installé, une héroïne bleue qui ne parle aucune langue terrienne, qui sous un vague prétexte a la capacité de voyager dans le temps.

Elle se retrouve ainsi en plein Moyen Âge, menacée de viol par l’Inquisition. Dans le deuxième chapitre, elle fait la connaissance de Zô, la captive d’une troupe de vikings. Le troisième chapitre se déroule durant la préhistoire, le suivant dans l’Égypte antique, puis à Shanghaï à la fin du XIXe siècle. Saga revient ensuite sur Xam dont la population est complètement assujettie par les Troggs. L’agent est alors renvoyée sur Terre, aux États-Unis des sixties, noyée dans les références historiques, entre autres, à l’accident nucléaire de Palomares ou aux contestations sociales de l’époque.

Un ovni esthétique, un geste artistique

Mais très vite, on comprend que l’intérêt de cet album est bien plus graphique que scénaristique, tant l’histoire passe tout d’abord au second plan, pour ensuite être carrément reléguée à un vague habillage des images. Toutefois, les textes restent un temps assez présents, décrivant les scènes, y ajoutant des détails hors champs, des précisions que les « cases » n’accompagnent pas. En parallèle, les mots varient de tailles, demandant parfois carrément l’usage d’une loupe. On y découvre ainsi de nombreuses références, littéraires, cinématographiques ou simplement aux amis.

Quant au dessin, le style et la colorisation changent à chaque époque, définissant ainsi une lecture mutante qui évolue au gré des ambiances. On est ébloui par l’audace des expérimentations techniquement très réussies et riches en détails, en finition. C’est extrêmement impressionnant d’un bout à l’autre. L’album est baigné dans un charme, une énergie psychédélique qui évoque à la perfection la folie des années 60, ses excès et ses couleurs criardes. On est au cœur d’un geste artistique sans compromis ni limite, qui en vient même à s’abstraire du récit lui-même pour devenir peut-être trop démonstratif et hermétique dans la dernière partie. Et c’est certainement la limite de cette démarche, la rupture qui devient juste contemplative, dénuée de sens direct, au fil des incrustations, des amis de passage qui griffent le coin d’une page, sans tenir compte du reste.

Saga de Xam

Saga de Xam © Revival, 2022

Le retour des oubliés 

Si aujourd’hui, il est important de réhabiliter cet album trop injustement oublié, c’est d’une part, car il permet de ramener à la lumière un artiste tombé dans les oubliettes de l’histoire de la bande dessinée, mais surtout, car il est important de se souvenir des œuvres qui marquèrent ce médium au moment précis où il était en pleine mutation, où il se redéfinissait en étirant ses propres limites.

Saga de Xam démontre par son originalité et cette folie créative presque hystérique, combien il reste encore d'espaces à explorer. 55 ans après sa première publication, l’album interpelle par son aspect innovateur et moderne.

En le feuilletant, on ne peut que mieux comprendre son aura mythique, magnifié par le travail éditorial de toute beauté des éditions Revival, sous la direction passionnée de Christian Staebler.

Un indispensable que tous les curieux prendront plaisir à redécouvrir. Une vraie pépite !

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