ZOO

No Sleep Till Shengal

couverture de l'album No Sleep Till Shengal

Éditeur : Cambourakis

Scénario : ZerocalcareColoriste : Alberto MadrigalTraducteur : Nino S. Dufour, Brune Seban, Brune Seban-Desideri

Prix : 23.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis de l'album No Sleep Till Shengal

Dans la lignée de Kobane Calling, un nouvel ouvrage de Zerocalcare dans la veine documentaire, qu'il a conçu au retour d'un séjour en Irak, afin de mettre en lumière la situation critique de la minorité yézidie, aspirant à l'indépendance et mettant en place des principes de vie démocratique extrêmement avant-gardiste. On y retrouve son mélange unique de témoignages poignants et précis et d'un humour salvateur qui ne cesse d'interroger le rôle et le regard de l'Occident au Proche-Orient.


La critique ZOO sur l'album No Sleep Till Shengal

Shengal, 2021. Les Ézidis, une minorité religieuse méconnue du grand public, tente de tenir bon face aux puissances qui l’encerclent ; la Turquie et l’Irak. Sans cesse attaquée, cette communauté essaie d’instaurer le confédéralisme démocratique calquée sur le mode de fonctionnement des Kurdes qui ont pris les armes avec eux. Après Kobane Calling, Zerocalcare utilise à nouveau son art pour nous en apprendre plus sur ces peuples qui souffrent et que très peu de gens soutiennent. 

Rome mai 2021. Zerocalcare, auteur italien reconnu internationalement autant pour ses bandes dessinées que pour ses court-métrages d’animations, vit sa vie, « constamment aux prises avec ses affres auto-infligées d’occidental moyen ». Jusqu'à ce coup de fil qui vient bouleverser son quotidien : le responsable des Kurdes à Rome souhaite le rencontrer rapidement. Ce dernier informe Zerocalcare qu’il doit se rendre à Shengal pour montrer au monde que le confédéralisme démocratique ne fonctionne pas que pour les Kurdes et surtout pour mettre en avant cette communauté, car quand on ne parle pas d’un peuple persécuté, il se fait massacrer. Le départ est prévu pour la semaine suivante.


Plein de choses se bousculent alors, Zerocalcare doit informer ses clients qu’il aura du retard sur ses rendus, se préparer et tenter de remonter l’équipe qui l’accompagnait au Rojava (Kobane Calling). Il ne reste qu’une seule chose… se renseigner sur qui sont les Ézidis. Grâce au responsable, il part avec un livre d’histoires sur ce peuple, il n’a plus qu’à potasser la question. 

No sleep till Shengal

No sleep till Shengal © Cambourakis, 2023

Les choses se clarifient petit à petit alors qu’il amorce son voyage. Les Ézidis ont été persécutés par Daech et chassés de Shengal. En 2014, l’ONU a lâché le mot génocide. Quelques années plus tard, ils ont repris une partie de leur territoire, mais font face à Erdogan et Barzani, le président du Kurdistan Irakien. Les deux ont signé l'Accord de Sinjar qui impose un cessez-le-feu et supprime l'autonomie des Ézidis, sans leur consentement évidemment.

 
L’auteur s’envole donc pour Dubaï, puis Suleymanya en Irak, le trajet serait plus rapide par la Turquie, mais aussi plus risqué. Sur place, il rejoint une délégation italienne et leur chauffeur, cinq petites heures plus tard et ils seront à Shengal… ça, c’est si se passe bien. Il leur faudra trois jours, plusieurs tentatives, des heures d'attente en plein soleil et la prémisse d’une fusillade avant d’attendre la fameuse Shengal. Au cours de ce périple, deux officiers des services secrets irakiens se sont greffés au groupe, à leur grand désespoir. La délégation est accueillie à bras ouverts, les présentations commencent et Zerocalcare apprend le mode de fonctionnement de leur confédéralisme démocratique, écoute avec horreur le témoignage de leur massacre et clarifie ses zones d’ombres sur les différentes factions qui ont pris part au conflit. Il s’entretien avec des révolutionnaires, des vrais, ceux qui prennent en main leur destin pour « renverser une société où l’injustice et l’oppression sont enracinés depuis des siècles »

Vient alors le moment du retour et du témoignage

No sleep till Shengal est hommage, non seulement aux Ézidis, mais à tous les peuples persécutés qui luttent pour leur survie. C’est un récit documentaire et humaniste d’une rare intensité. Zerocalcare nous embarque avec lui et nous fait part de ses doutes, de ses craintes et de son profond respect pour les gens. Alors qu’il s’agit d’un album empreint de souffrance et de difficultés, l’auteur n’abandonne pas pour autant son humour qui tombe tout le temps à point nommé. Cet humour permet au lecteur de lâcher légèrement la pression lors de témoignages ou de séquences difficiles sans pour autant les décrédibiliser. 

Bien qu’il y ait beaucoup de texte, la narration rend le tout digeste et compréhensible sans que le lecteur n'aie d'effort à fournir. Le dessin de Zerocalcare est très expressif, on sent l’influence de l’animation sur son travail, ce qui rend la lecture des 200 pages très fluide. 

Une bande dessinée vivement conseillée aux curieux et aux amateurs de bande dessinée documentaire qui n’a rien à envier aux œuvres de Joe Sacco (Palestine, Payer la terre, ...) ou d’Emmanuel Guibert (Le Photographe, La Guerre d’Alan).

Haut de page

Commentez et critiquez

1200 caractères restants