Un homme, seul habitant d’un minuscule hameau, vit isolé du reste du monde. Dans la solitude de l’obscurité, il aperçoit chaque nuit une petite lueur sur la colline d’en face. Qu’est-ce que cela peut-il bien être ? Un album magnifique, profond, mélancolique.
« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert. » Notre héros est grand, maigre, émacié, les cheveux et la barbe blanchis. Il vit seul, dérangé de temps à autre par le vol hiératique des hirondelles, par un chien errant à l’air menaçant, par un cauchemar saisissant... Et puis il y a cette petite lumière, là-haut, sur la montagne d’en face. Un réverbère ? Une fenêtre allumée ? D’après les villageois en contre-bas, il s’agit d’aliènes. Mais pour lui, c’est autre chose. Alors c’est décidé : demain, il va s’y rendre et découvrir qui vit au milieu des bois, loin de tout et de tous…
La Petite Lumière © Éditions Delcourt, 2023
Le cimetière des lucioles
Grégory Panaccione s’est déjà affirmé comme un grand adaptateur avec Cabot, Caboche d’après Daniel Pennac et Quelqu’un à qui parler de Cyril Massarotto. La Petite Lumière, adaptée de La Lucina d’Antonio Moresco, en est une nouvelle fois la preuve. Grégory Panaccione parvient à retranscrire le silence de la solitude, les petits riens du quotidien, le monologue intérieur qui se déroule dans notre esprit quand on est seul un peu trop longtemps avec soi-même.
Où commence le rêve dans cette fable éthérée ? La petite lumière, là-haut, qui se détache de la masse sombre de la forêt, plonge dans une curieuse obsession notre héros solitaire, narrateur anonyme et vieillissant. Que fait-il seul dans ce hameau à flanc de colline ? Peu importe. Tout ce qui compte, c’est de trouver la source de cette lueur, phare dans une nuit d’exil volontaire. Une fois l’origine de la source lumineuse élucidée, l’album bascule. Le réel s’efface pour nous plonger dans un récit envoûtant, sensible et dramatique.
La Petite Lumière © Éditions Delcourt, 2023
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Toute la poésie douce-amère d’Antonio Moresco trouve sa parfaite représentation dans l’aquarelle brute et baveuse de Grégory Panaccione. Avec ses traits rares, esquissés, souples, il propose un traitement impressionniste de la couleur et de la lumière. Les collines italiennes sont aussi familières que dépaysantes, nous enveloppant dans leur immensité végétale. Une mise en images magistrale d’un roman bouleversant.
Article publié dans le Mag ZOO N°92 Mai-Juin 2023
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