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Bleu à la lumière du jour

couverture de l'album Bleu à la lumière du jour

Éditeur : Dargaud

Dessin : Borja GonzalezAuteur :

Prix : 21.50€

  • ZOO
    note Zoo3.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    3.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis de l'album Bleu à la lumière du jour

A une époque indéterminée qui ressemble au moyen-âge, deux soeurs (Teresa et Matilde), vivent dans un château. Afin de protéger sa jeune soeur d'un sacrifice dédié à un dieu antique, Teresa réussit à la faire sortir du château. Partie dans la forêt proche, Mathilde se noie malheureusement dans un lac, trompée par un mystérieux oiseau bleu. Un oiseau dont l'esprit prend possession du corps de Matilde qui retourne au château accomplir sa destinée... Un récit entre horreur, conte noir, récit d'émancipation et éloge de la liberté des femmes, dénonciation de leur oppression et jamais sans humour. Egalement et toujours, la narration au cordeau, les compositions flirtant avec la perfection et les images sublimes de Borja Gonzalez.


La critique ZOO sur l'album Bleu à la lumière du jour

Au fil des albums, Borja Gonzalez construit une œuvre de plus en plus cohérente, où revientle même modèle d’héroïne, des prénoms qui se répètent et une façon bien à lui de rythmer ses intrigues. Pour Bleu à la lumière du jour, il passe toutefois à un niveau au-dessus…

Une nuit, à l’ombre des arbres

Tout démarre donc sur une silhouette féminine qui se faufile dehors, tandis qu’une autre l’observe de la porte qu’elle referme sur elle. La première jeune femme est encapuchonnée. Elle semble fuir on ne sait quoi, s’aventurant dans une forêt sur les conseils d’un petit oiseau bleu qui la guide en lui indiquant l’autre rive d’un lac qu’elle va devoir traverser. Cependant, en route, elle rebrousse chemin et sort de l’eau, hagarde, comme vidée de sa substance vitale. On ne le comprend pas tout de suite, mais elle vient de se noyer et seul son corps émerge désormais, comme habité par une force étrangère.

Dorénavant muette, ne répondant plus à personne et semblant même ne rien saisir de ce qui l’entoure, celle qui porte le nom de Matilde retrouve donc les siens, sa sœur Teresa, leur mère… On comprend petit à petit qu’elle est destinée à être sacrifiée au nom d’un vague devoir familial et que c’était la raison de sa fuite initiale.

Bleu à la lumière du jour

Bleu à la lumière du jour© Dargaud, 2023

Moins nébuleux et brillant

On évolue dans l’histoire en n’ayant malgré tout pas tous les éléments tout de suite. Il faut décrypter certains détails et accepter d’avancer en se disant que les explications vont venir. Toutefois, Borja Gonzalez est nettement moins cryptique qu’il a pu l’être dans ses deux précédents albums. En effet, dans The Black Holes et Nuit couleur larme, il fallait jouer avec les indices révélés et tout ce qui ne l’était pas et qui pouvait rendre la lecture parfois difficile.

Cependant, le travail de Gonzalez s'appuie sur un ensemble de bases où les ambiances graphiques et la construction des pages jouent un rôle tout aussi important que le scénario lui même. Il serait inutile de nier que le premier contact visuel impressionne en feuilletant ces albums. On comprend dès les premières pages que les atmosphères éthérées, les cadrages minutieusement pensés, l’équilibre entre lumière et ombre, entre vide et plein, tout joue un rôle conscient sur la perception que l’on a de cet univers qui s’ouvre à nous. On sent que cette construction formelle est aussi au cœur de la réflexion dans le travail de Gonzalez, même s’il se dégage des thèmes très forts, comme l’indépendance, le destin et la volonté de se reconstruire.

Chronique dark et fascinante

Le cadre de cette histoire renvoie à ces vieux contes romantico-gothiques racontant la fatalité qui tombe sur les épaules d’une jeune femme de bonne famille condamnée à subir des épreuves qui la dépassent. Néanmoins, Gonzalez construit aussi une intrigue pleine de rebondissements, dont on découvre progressivement les tenants et aboutissants, mais surtout où l’on se prend d’affection pour ces femmes au cœur d’une tradition masculine. À l’image des héroïnes de The Black Holes ou de Nuit couleur larme, Matilde et sa sœur Teresa cherchent, avant tout, à se trouver leur propre identité, loin des schémas préécrits par d’autres.

On est troublé par la profondeur de l’histoire, d'autant plus qu'elle reste assez économe en texte. On est fasciné par les hésitations des unes, par la rébellion des autres. Et même si le propos garde un aspect universel, on tombe rapidement sous le charme de ce conte dramatique.

Bleu à la lumière du jour

Bleu à la lumière du jour © Dargaud, 2023

Une nouvelle étape

Bleu à la lumière du jour marque une belle évolution de l’artiste, bien au-delà du fait qu’il soit, encore une fois moins cryptique que les deux albums précédents. Le dessin est plus fin, avec une attention toute particulière portée aux silences, sur des planches dites « d’ambiance ». On retrouve ainsi cette virtuosité dans les cadrages, dans cette volonté de ne pas tout mettre systématiquement au service du récit, quitte à délayer les séquences, les étirer pour insister sur un mouvement de robe, sur un regard que l’on devine (il faut rappeler que les personnages de Gonzalez n’ont pas de visage), sur une case sans intérêt narratif, autre que décoratif.

Il se dégage un vrai charme de l’ensemble, un doux sentiment de glisser dans un conte fantastique se révélant lentement à nous.

Une magnifique surprise qui permettra enfin de révéler le talent d’un auteur exceptionnel, à surveiller de très près.

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