Dans le massif des Bauges, en pleine montagne, la vie est rude. La famille de René en sait quelque chose : ils ont déjà perdu sept enfants en bas âge. René est robuste. Sa vie, il la vivra pour chacun d’entre eux…
À cheval sur la Savoie et la Haute-Savoie, dans ces Pré-Alpes françaises des Bauges, la vie dans la première moitié du siècle dernier est très difficile. Sans eau ni électricité, en sabots toute l’année, les habitants survivent chichement, forts de la solidarité de leur communauté. Dans la famille de René, son père travaille le bois et s’arrange pour qu’ils aient toujours de quoi vivoter dans leur ferme isolée. Mais il est le seul enfant, sur sept bébés nés, à survivre (au froid, aux maladies, à l’ignorance…). Un enfant vif et costaud qui adore la nature, plus que la lecture ! Troublé par sa chance d’avoir survécu, il se fait la promesse, comme aux esprits de ses frères et sœurs, de vivre une vie pour chacun d’entre eux. Dans la vallée, la Seconde Guerre mondiale est arrivée, mais en montagne rien n’a changé. Ils sont toujours aussi pauvres, trop vieux ou trop jeunes pour être mobilisés.
Sept vies à vivre © Delcourt, collection Mirages, 2024
Comme les chats
Les Allemands, comme les autres, ne montent pas dans le massif. En revanche, les réfugiés arrivent. Juifs, maquisards ou résistants affluent de partout et sont accueillis à bras ouvert par les montagnards.
C’est en avril 44 que la petite sœur de René va poindre le bout de son nez. C’est ce même printemps que Céline, une jeune bachelière d’à peine 18 ans, monte de la vallée pour ses vacances… Touchant et poétique, ce récit de Charles Masson, le médecin bédéaste (adoubé par Martin Winckler !) retrace une vie qui en condense plusieurs. Balayant l’Histoire de France du siècle dernier à travers « les vies » de René, Masson, grand spécialiste des sujets sociaux et humains, nous offre une chronique française aussi classique et claire que son trait. Cette BD feel good aux moments forts rappelle combien, quelle que soit l’époque, il est important de vivre pleinement sa vie !
Article publié dans le Mag ZOO N°96 Janvier-Février 2024
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