Une vieille dame est installée au comptoir d’un troquet parisien. Elle engloutit son eau de vie en maugréant après le serveur. Soudain, cassant le quatrième mur, elle se tourne vers le lecteur et l’interpelle. Il souhaite qu'on lui raconte des histoires ? Eh bien, sa curiosité malsaine sera satisfaite, car l’aïeule connaît de sombres récits. Tous se sont déroulés au sein de l’immeuble juste en face du café, au dernier étage, dans un appartement mansardé…
Trois nouvelles fantastiques à chute nous sont ici proposées dans un Paris contemporain. Le lecteur se doute qu’il se fera surprendre par un retournement final. Même si le concept est connu, on succombe au plaisir surtout lorsque l’issue est glaçante. C’est tout le charmede ces histoires courtes qui affichent clairement leurs références. Le titre fait écho aux« contes de la crypte », série télévisée à frissons des années 90 adaptée de comics américains d’après guerre. Pour tuer le temps, les personnages regardent un DVD de « The thing » de John Carpenter puis enchaînent avec « La mouche » de David Cronenberg, soit deux jalons en matière d’horreur pour adultes. Le second récit est un hommage non dissimulé à « L’homme qui rétrécit ». La dernière partie, la plus convaincante, repose sur une excellente idée scénaristique. Barbara, une autrice de Bande Dessinée accède à une pièce cachée sous les combles. Sa découverte sera des plus surprenantes. À l’excitation grisante et angoissante de suivre le personnage dans son entreprise dangereuse s’ajoute une réflexion philosophique sur la peur de vieillir.
Contes de la mansarde © Employé du moi
Côté dessin, le graphisme semi-réaliste en noir et blanc d’Iris Pouy colle à l’atmosphère moite de la demeure. Des trames colorées rehaussent l’ensemble.
Comme souvent avec ce genre de recueil, on a tendance à comparer les différents chapitres et il est dommage que le premier exploite assez peu son intrigue initiale. On a hâte en tout cas de voir le duo s’attaquer à un plus long récit de Bande Dessinée dans la même veine.